[Rencontre à retrouver dans le dernier têtu· disponible en kiosques] Après son coming out forcé, il a fui la maison paternelle il y a vingt ans, sans se retourner. Dans Un homme sans titre, l’écrivain Xavier Le Clerc se réconcilie avec son père et son milieu social d’origine.
“On peut se tutoyer ?” demande Xavier Le Clerc, une tasse de café à la main, dans les locaux de sa maison d’édition, Gallimard, devant une porte-fenêtre ouvrant sur un jardin ensoleillé. C’est ici, dans cette enclave du 7e arrondissement de Paris foulée par les plus grands noms de la littérature française, que l’écrivain de 43 ans veut rendre un hommage à son père, “un homme qui n’a de titre que ses cartes d’ouvrier et de transport”, comme il le répète à l’envi.
À lire aussi : Armistead Maupin : "San Francisco, pour moi, c’est fini"
Ce troisième roman, Un homme sans titre, raconte Mohan-Saïd Aït-Taleb, arrivé d’Algérie en 1962 à l’âge de 25 ans pour officier comme manœuvre dans une usine de métallurgie normande. Un père de neuf enfants à qui Xavier Le Clerc a dit adieu au début des années 2000, lorsqu’il a été contraint de lui révéler son homosexualité à cause d’une rumeur. Ce récit de réconciliation rend donc hommage à cet homme et à toute une classe sociale, qu’après avoir changé de nom l’écrivain a quittée définitivement pour s’affranchir des assignations identitaires....