Lucas, un collégien de 13 ans, s'est donné la mort samedi dans les Vosges. Sa famille avait alerté son établissement pour dénoncer une situation de harcèlement scolaire sur fond d'homophobie.
Lucas n'avait que 13 ans quand il s'est donné la mort le samedi 7 janvier. Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances dans lesquelles cet élève de quatrième, scolarisé au collège Louis Armand de Golbey dans les Vosges, s'est suicidé, et une autopsie devait avoir lieu ce mercredi 11 janvier à Nancy, rapporte France Bleu Lorraine. Les parents du garçon affirment qu'il était victime d'un harcèlement scolaire sur fond d'homophobie. Sur son compte TikTok, le garçon revendiquait, de fait, son appartenance à la communauté LGBTQI+.
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Une cellule psychologique a été mise en place pour les élèves et les enseignants du collège qui en expriment le besoin. "Il y a vraiment beaucoup d'émotion chez les adultes qui n'ont rien vu, qui n'ont pas vu Lucas aller mal ces derniers temps", a témoigné auprès de la radio locale Valérie Dautresme, la directrice académique des services de l'Éducation nationale dans les Vosges, elle-même chamboulée. La directrice a reconnu que Lucas et sa mère ont rapporté des "moqueries" homophobes dès la rentrée de septembre, à l'occasion d'une première rencontre entre parents et professeurs. "Pour nous, et je dis bien à ce stade, la situation a été réglée, assure-t-elle néanmoins. Lucas a dit par la suite que les choses s'étaient arrangées, qu'il ne faisait plus l'objet de moqueries". Des éléments nécessairement incomplets qui font l'objet d'une "enquête en cours".
Suicide de Lucas: pour le directeur de la rédaction de Têtu, "on est devant un échec collectif" pic.twitter.com/7GyFXlFLp8
— BFMTV (@BFMTV) January 13, 2023
Le collège dans un dispositif anti-harcèlement scolaire
L'issue est d'autant plus tragique que le collège en question, qui comporte près de 700 élèves, était engagé dans le dispositif pour lutter contre le harcèlement scolaire que Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l'Éducation nationale, avait mis en place au cours du premier quinquennat d'Emmanuel Macron. À ce titre, le personnel y est formé à repérer les situations de harcèlement et un protocole doit être mis en œuvre lorsqu'un cas se présente. Il y a un peu plus d'un an, en octobre 2021, le suicide de Dinah sur fond de harcèlement scolaire lesbophobe, avait aussi provoqué une vive émotion dans le pays.
Auprès de RMC, Stéphanie, une proche de la famille de Lucas, conteste l'idée que l'établissement ait pris la mesure de la situation. "Il était harcelé constamment par rapport à sa tenue, sa façon d'être, ce qu'il dégageait. Il ne se cachait pas et ça dérangeait certaines personnes (…) Sa maman a appelé au secours à de multiples reprises. Le milieu scolaire n'a pas réagi", témoigne-t-elle, décrivant un enfant "toujours agréable, attentionné, spontané, plein de rêves et de vie". Une plainte devrait être déposée prochainement. Une cagnotte a été mise en ligne pour épauler la famille, et une cérémonie civile aura lieu samedi 14 janvier. Une marche blanche est également annoncée en la mémoire de Lucas, dont la date doit encore être précisée.
► Si vous êtes victime de harcèlement, ne restez pas seul·e
Des lignes d'écoute sont disponibles, comme Suicide écoute, disponible 24h/24 et 7j/7 au 01 45 39 40 00, ou SOS Amitié au 09 72 39 40 50, également 24h/24 et 7 j/7. SOS homophobie dispose aussi d'un chat d'écoute en ligne et d'une ligne d'écoute anonyme au 01 48 06 42 41. D'autres ressources sont recensées sur le site de l'Assurance maladie.
Crédit photo : archive familiale