Dans une interview accordée à l'agence AP, le pape François campe sans surprise sur la doctrine éculée de l'Église catholique considérant l'homosexualité comme un péché, mais préconise tout de même qu'on en termine avec les lois anti-LGBT. Amen !
C'est un petit pas papal qui mérite qu'on s'y attarde. Dans une interview accordée ce mardi 24 janvier à l'agence d'information américaine Associated Press (AP), le pape François a été interrogé sur la question de l'homosexualité. Attendu du 31 janvier au 5 février en République démocratique du Congo (RDC) puis au Soudan du Sud, sur le continent africain donc où les États criminalisent encore largement l'homosexualité, il s'est exprimé sur ces lois, qu'il a qualifiées d'"injustes".
Un rappel bienvenu, aussi, tandis que des législations LGBTphobes ressurgissent massivement aux États-Unis ou dans certains pays d'Europe, tandis qu'une nouvelle vague réactionnaire a traversé l'Atlantique pour s'en prendre désormais, en France, aux drag queens…
François "vers la dépénalisation universelle"
Relancé sur l'idée que l'Église catholique pourrait et devrait œuvrer pour mettre fin aux lois criminalisant l'homosexualité, le souverain pontife a apporté cette méditation : "It must do this. It must do this" ("Elle doit le faire", deux fois). "Un appel à aller vers la dépénalisation universelle" – portée par la France –, a salué sur Twitter Jean-Marc Berthon, ambassadeur aux droits LGBT+.
Saluant également "une évolution bienvenue", l'Ilga (association internationale lesbienne et gay) exhorte dans un communiqué "le Saint-Siège à transformer ces paroles en actions concrètes". Rappelant que selon son rapport annuel, 66 États membres de l'ONU continuent de criminaliser les relations sexuelles consenties entre personnes de même sexe, l'Ilga ajoute : "L'Église catholique et ses institutions peuvent et doivent jouer un rôle actif dans le soutien des efforts de dépénalisation à travers le monde et au sein des forums des Nations unies, où les demandes d'abolition de ces lois profondément erronées ont longtemps été réitérées".
Le péché, c'est pas un crime
Le pape François a néanmoins dû reconnaître que bien des évêques à travers le monde soutiennent les lois ou discriminations LGBTphobes, attribuant leurs opinions à "un bagage culturel" et les appelant à revoir leur perception de l'homosexualité. "Ces évêques doivent suivre un processus de conversion", a-t-il développé, leur enjoignant de pratiquer "la tendresse, s'il vous plaît, comme Dieu en a pour chacun d'entre nous".
S'il appelle donc "à accueillir et respecter" les croyants homosexuels au sein de l'Église, le souverain pontife maintient la doctrine consistant à différencier "crime" et "péché". "L'homosexualité n'est pas un crime. Ce n'est pas un crime. Mais c'est un péché. Il faut faire une distinction entre ces deux notions." Et de remarquer : "Manquer de charité les uns envers les autres est aussi un péché…"
Une déclaration en ligne avec la position exprimée en 2021 par la Congrégation sur la doctrine de la foi, alors interrogée sur la possibilité pour l'Église de bénir les unions entre personnes du même sexe. Le Vatican avait alors répondu : "L'Église rappelle que Dieu lui-même ne cesse de bénir chacun de ses enfants [...], mais il ne bénit pas et ne peut pas bénir le péché". Commençons par le dépénaliser.
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