S’il est souvent complexe, pour les personnes qui ne se retrouvent pas dans la binarité de genre, de mettre des mots sur leur ressenti, comment en parler justement au grand public ? La fin du genre ?, documentaire inédit programmé ce mercredi 8 février sur France 2 dans le cadre du magazine Infrarouge, s’en tire avec les honneurs.
"Alors, j’ai un petit quiz pour toi. On va voir si tu as bien fait tes devoirs… Est-ce que tu peux me dire ce que c’est que la non-binarité ?" Dès la première scène, le documentaire La fin du genre ?, diffusé sur France 2 ce mercredi 8 février et d'ores et déjà disponible en streaming/replay sur le site de France·tv, met les pieds dans le plat avec cette colle posée à sa mère par Sophie, une des personnes non-binaires interrogées dans le film. Indirectement, la question est donc d'emblée posée aux personnes devant leur écran. "La non-binarité, c’est être ni homme ni femme, être un peu des deux, faire des aller-retours entre la masculinité et la féminité", répond sans hésiter la mère de Sophie, qui l'encourage : "Bah c’est pas mal…"
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"Ce qui est extrêmement important pour une personne transgenre, c’est de performer son genre. Mais pour ça, il faut savoir ce qui est défini comme masculin ou féminin, complète plus tard Lou, autre personne non-binaire. Il y a des histoires de postures, de coiffures, de codes couleurs, de maquillage, de fringues… C’est tellement fatiguant ! Et quand tu es non-binaire, tu ne sais même pas ce que tu as envie de performer, et ça, c’est chiant !"
Euphorie de genre et binder
Quelle que soit la définition retenue, et c'est bien le premier message à retenir, aucune ne mettra entièrement d’accord l’ensemble des personnes qui ne se retrouvent pas pleinement dans les normes de genre. Entre une personne qui se définit comme non-binaire, agenre, genderfluid, genderqueer ou neutre, les expériences varient. De cet éventail, le docu tente de brosser un tableau large et compréhensible pour tout un chacun, qui s’étoffe au fil des témoignages recueillis d’Ange (22 ans), Lou (23 ans), Perséphone (23 ans) et Sophie (42 ans), quatre personnes non-binaires suivies au quotidien durant toute une année. Objectif affiché : "Comprendre sans juger". Et, au-delà de la non-binarité, poser "un questionnement universel", toile de fond du documentaire : "Aujourd’hui, qu’est-ce que le féminin ? Et le masculin ?". Vous avez 4 heures, le docu a 52 minutes.
Suffisant pour décortiquer avec pédagogie quelques concepts mais pas seulement, puisque le film aborde les carcans de genre ou le pronom neutre "iel" tout autant que le binder ou encore l'"euphorie de genre" (en opposition à la "dysphorie de genre"), que Lou décrit métaphoriquement comme "un orage qui craque", "ce moment où il y a une pression incroyable qui se retire d’un coup et que tu te sens léger". Ouf ! Sophie évoque encore le concept de "transfuge de genre", qui n’est pas sans rappeler celui de "transfuge de sexe" développé par le sociologue Emmanuel Beaubatie. Expliquant que non, une personne non-binaire n’a pas nécessairement une apparence androgyne, ou que oui, on peut faire son coming out non-binaire passé la quarantaine, le programme apporte une fraîcheur bienvenue en termes de représentations de la non-binarité à la télévision.
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>> La fin du genre ? de Ted Anspach et Maya-Anaïs Yataghène, à voir dans le magazine Infrarouge, présenté par Marie Drucker, mercredi 8 février à 22h55 sur France 2.
Crédit photo : France Télévisions
