télévision"TPMP" : la justice européenne valide la sanction contre le canular homophobe de Cyril Hanouna

Par Quentin Martinez le 09/02/2023
Cyril Hanouna TPMP canulars téléphoniques

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a confirmé deux condamnations à l'encontre de C8 et de son émission Touche pas à mon poste, présentée par Cyril Hanouna. Parmi elles, l'affaire du du canular homophobe.

On peut dire qu'il l'a dans le "Baba". La cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a validé ce jeudi 9 février la sanction du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) – aujourd'hui devenu l'Arcom – à l'encontre de C8 concernant un canular téléphonique homophobe diffusé en 2017 dans l'émission Touche pas à mon poste (TPMP), présentée par Cyril Hanouna. La chaîne et son animateur fétiche ont bien tenté de faire valoir l'argument de la liberté d'expression… sans succès.

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La CEDH confirme donc le caractère homophobe de la séquence durant laquelle Cyril Hanouna avait piégé des gays en se faisant passer pour un homme bisexuel à la recherche d'aventures "sans tabou". Après les avoir fait appeler au téléphone en direct dans son émission, l'animateur poussait ses interlocuteurs à partager des détails intimes et à lui faire des propositions sexuelles, le tout sans que leur voix, souligne la Cour, soit "vraisemblablement modifiée". Cyril Hanouna enchaînait alors les jeux de mots de mauvais goût et les imitations caricaturales et stéréotypées en rapport avec l'homosexualité. Et ce, durant la semaine nationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie.

Le canular d'Hanouna jugé stigmatisant

Avec cette décision, la CEDH entérine les sanctions prises par le CSA, déjà confirmée par la justice française. Après ce triste canular qui avait provoqué des milliers de signalements de téléspectateurs et d'associations LGBTQI+, le gendarme de l'audiovisuel avait condamné la chaîne C8 à une amende de trois millions d'euros. La CEDH souligne "des motifs pertinents et suffisants" pour juger que cette séquence était "de nature à stigmatiser les personnes homosexuelles et à porter atteinte à la vie privée".

"Les séquences litigieuses n'étant porteuses d'aucune information, opinion ou idée au sens de l'article 10 de la Convention [relatif à la liberté d'expression], et n'ayant en aucune manière contribué à un débat d'intérêt général, [...] les sanctions prononcées contre cette dernière (l'émission) les 7 juin et 26 juillet 2017 n’ont pas méconnu son droit à la liberté d’expression", ont conclu les magistrats européens.

La CEDH représentait la dernière voie de recours possible de la chaîne détenue par Vincent Bolloré. Auparavant, C8 avait déjà tenté de faire invalider trois décisions du CSA en saisissant le Conseil d'État. Parmi ces affaires, deux d'entre elles avaient été confirmées par l'instance administrative. Le canular homophobe, donc, mais aussi une séquence durant laquelle Cyril Hanouna avait proposé un "jeu" à Capucine Anav, qui devait deviner une partie du corps que l'animateur lui faisait toucher. Le patron de TPMP avait alors choisi de diriger sa main sur son sexe.

L'Arcom sanctionne la séquence Louis Boyard

Ce même jour, l'Arcom (ex-CSA) a en outre de nouveau condamné C8 pour la séquence dans laquelle Cyril Hanouna avait, le 10 novembre dernier, insulté en direct le député LFI Louis Boyard. Lors d'une passe d'armes au sujet des activités de Vincent Bolloré en Afrique, l'animateur avait vu rouge, traitant l'élu de "tocard", "abruti", "bouffon" ou "merde". Pour cela, l'Arcom a infligé à la chaîne une amende de 3,5 millions d'euros, au-delà du record que constituait déjà celle de 3 millions d'euros.

Invitée ce jeudi dans la matinale de France Inter , la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a été interrogée sur la récurrence des condamnations de C8 et de son émission phare. "Il y a des obligations à respecter. Il y a déjà eu une vingtaine d'interventions de l'Arcom, depuis 2019, pour C8 et CNews", a-t-elle souligné, rappelant que l'Arcom avait le pouvoir de supprimer la fréquence d'émission des chaînes qui ne respectent pas leurs obligations…

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Crédit photo : capture d'écran C8