Du cuir, du cul, du burlesque… Le Fantasma Circus Erotica de Manon Savary et Marc Zaffuto s’installe à Paris pendant un mois. Avec notamment sur scène, aux côtés d’une dizaine d’excellents artistes, l’icône gay François Sagat.
Fantasma Circus Erotica : un nom de spectacle à la fois explicite – des fantasmes, du cirque, de l’érotique ; tout un programme – et, paradoxe, énigmatique sur ce qu’il renferme véritablement. Ce titre plein de promesses aguicheuses, Manon Savary et Marc Zaffuto, duo d’artistes aux commandes de l’aventure, l’ont rapidement adopté, comme une évidence. "Dès le départ, il nous a donné une ligne directrice claire : embarquons-nous dans les fantasmes", nous explique Marc Zaffuto dans le bar du Théâtre des Variétés (Paris), où sera repris le show un mois durant – après avoir vu le jour en novembre dernier aux Folies Bergères. À ses côtés, Manon Savary acquiesce, avant de définir l’ADN du spectacle caché derrière ce titre : "C’est l’érotique, le sexe, clairement ! (Rires) Et le cabaret, bien sûr. D’ailleurs, on est à la racine de ce qu’est l’art du cabaret en mélangeant, avec une immense liberté, tout un tas de disciplines."
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En deux heures avec entracte, où l’on entend aussi bien Beyoncé, Madonna, Kim Petras "que des choses plus obscures", Fantasma Circus Erotica en met plein la vue avec sa quinzaine de numéros variés – du cirque, de la performance, du lip sync, de la danse ou encore du strip-tease. Et alterne, dans un même élan, prouesses techniques, moments poétiques et décalages burlesques. Une envie de grand spectacle, d’explosion visuelle haut de gamme, qui a guidé le duo. "On voulait que notre cabaret soit très contemporain, d’où cette recherche importante sur les lumières, la vidéo… résume Manon Savary. Grâce à ce travail, comme dans un livre de contes, chaque numéro a son histoire, son esthétique, son énergie… Et comme dans un grand 8, le spectacle est un ascenseur émotionnel pour le public !"
François Sagat, fantasme ultime
Pour donner corps à leurs fantasmes, Manon Savary et Marc Zaffuto ont réuni sur scène une dizaine d’artistes internationaux aux profils variés, de la facétieuse maîtresse de cérémonie et icône transgenre ultrasexuée Allanah Starr au fascinant performeur tout-terrain Jean-Biche, en passant par la drag queen Piche, la danseuse de pole dance Stessy, la danseuse et chorégraphe du show Mimi ou encore la figure non-binaire du burlesque Jake DuPree.
Avec également, aux côtés de ces ovnis du spectacle vivant, un nom plus grand public : l’acteur porno François Sagat. "En parlant de fantasme, c’est quand même l’un des fantasmes gays ultimes. Et, maintenant, une icône pop qui a collaboré avec tellement de gens incroyables – Bruce LaBruce, Pierre et Gilles, Christophe Honoré…" commente, sourire aux lèvres, Marc Zaffuto. François Sagat, tout en muscles et en prestance, se retrouve notamment au centre d’un tableau faisant aussi bien écho à sa carrière fournie qu’à la consommation excessive de porno de tout un chacun. "Sur scène, il est entre god of porn et demon of porn ; on adore !"
Fantasma Circus Erotica, un spectacle total
Rempli à ras bord de trouvailles visuelles, Fantasma Circus Erotica se transforme rapidement en explosion subversive assumée, dans la tradition de ce qu’est l’art du cabaret. "On a beaucoup réfléchi sur le genre et, surtout, sur le non-genre, ce qui se voit avec les artistes qu’on a choisis. On peut dire que notre cabaret est dégenré, et queer à mort !" assure Marc Zaffuto. Il se souvient d’ailleurs avec plaisir des deux premières représentations à l’automne : "On ne savait pas quels spectateurs allaient venir voir le show. On appréhendait. À la fin de chaque soirée, il y a toute une jeunesse queer qui est venue nous voir pour nous remercier d’avoir fait un spectacle pour eux : c’était dingue !"
Au Théâtre des Variétés, ils ont prévu d’aller encore plus loin dans l’univers global, avec des lumières rouges installées dans tout le bâtiment, et l’immense bar à l’étage tout en velours d’un autre temps en guise de QG pour les préshows et aftershows. "C’est toujours super triste d’aller au spectacle, de passer un bon moment puis en deux secondes, tout s’arrête, explique Manon Savary. C’est pour ça que le public pourra venir plus tôt rencontrer les artistes, et les revoir plus longuement après le show !"
De Paris à Las Vegas
Avec Fantasma Circus Erotica, l’idée des deux artistes est ainsi de convier les spectatrices et spectateurs à un voyage total au cœur de leurs fantasmes plus ou moins avouables, dans la continuité de ce qu’ils proposaient au Manko, cabaret situé sous le Théâtre des Champs-Elysées qu’ils ont piloté de 2015 à 2019 – "c’était un joyeux bordel de spectacle et de fête". C’est d’ailleurs là-bas que, pour la petite histoire, ils se sont rencontrés : elle, la metteuse en scène issue d’une grande famille française du spectacle (son père, Jérôme Savary, a créé l’emblématique Grand Magic Circus) ; lui venu plutôt des mondes de la mode (il a notamment travaillé avec Tom Ford) et de la nuit (il a cocréé les mythiques soirées Club Sandwich).
Leur collaboration s’étant "très bien passée", ils ont enchaîné après le Manko et les confinements sur "quelques événements privés pour des clients très riches qui voulaient qu’on leur organise des cabarets", puis sur ce Fantasma Circus Erotica créé en deux mois. Et ce n’est pas fini : à l’automne, direction les États-Unis, puisqu’ils ouvriront une nouvelle revue dans un prestigieux hôtel-casino de Las Vegas. Toujours plus grand…
>> Fantasma Circus Erotica, au Théâtre des Variétés à Paris, du 13 avril au 13 mai.
Crédit photo : "Fantasma Circus Erotica"
