Première joueuse de football française ouvertement lesbienne durant sa carrière, Marinette Pichon a désormais son biopic, Marinette. Avant de découvrir son interview dans le magazine de l'été qui sort le 14 juin, rencontre avec la jeune actrice Garance Marillier qui incarne l'ex-championne dans le film.
Petite, à l’époque où elle prenait plaisir à se couper les cheveux “toute seule avec des ciseaux de cuisine” pour enquiquiner ses parents, Garance Marillier, aujourd'hui 25 ans, cultivait déjà son caractère anticonformiste. À l’école primaire, ses camarades se réunissent entre filles le temps de la récréation. De son côté, elle préfère taper dans le ballon avec les garçons. “Je me revois très bien être la seule meuf avec eux et souvent la dernière à être choisie dans les équipes, se souvient-elle. J’ai grandi avec un frère fan de foot. Bon, il est pour l’OM et je soutiens le PSG, mais il m’a quand même transmis sa passion, et c’est même lui qui m’a appris à jouer.”
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Des connaissances et des aptitudes qui lui ont probablement été utiles, puisque c'est elle qui a été choisie pour incarner la footballeuse Marinette Pichon (à retrouver dès le 14 juin dans le têtu· de l'été) sous la direction de Virginie Verrier. Sorti au cinéma ce mercredi 7 juin, le biopic Marinette retrace la trajectoire de celle qui fut longtemps la meilleure buteuse de l’histoire de l’équipe de France – avec 81 buts ! – avant d’être dépassée par Eugénie Le Sommer en 2020 (les meilleurs garçons sont derrière). Afin d’interpréter au mieux l’ex-championne tricolore, Garance Marillier ne s’est pas seulement contentée d’enfiler des crampons : “Pour vraiment me transformer et avoir une corpulence de joueuse, j’alternais entre entraînements particuliers et collectifs avec, en plus, du renforcement musculaire à la salle de sport. Tous les jours. Je n’ai fait que ça pendant quasiment une année entière.”
Cet entraînement intensif lui a aussi permis de gagner en efficacité lors de ses matchs pour le Gadji FC, l’association sportive entièrement féminine à laquelle elle appartient. Mais si la préparation physique fut laborieuse, ce fut également un exercice exaltant pour l’actrice, dont les craintes se portaient ailleurs : “J’avais tellement la pression de faire honneur à Marinette pendant le tournage. Elle vit au Canada et s’est déplacée un jour pour nous voir. On filmait des scènes au stade, et j’étais hyper stressée. Mais je n’aurais pas dû parce qu’elle a été si bienveillance ! Un matin, elle s’est même proposée pour s’entraîner avec moi.”
Le courage de Marinette Pichon
Parce qu’elle a l’ennui facile, Garance Marillier aime le challenge – et ce bien avant Grave, le long-métrage de Julia Ducournau, son premier grand rôle en 2016, où elle campait une étudiante aux penchants cannibales. “Je ne suis jamais arrivée à rentrer dans les codes de l’éducation, avance-t-elle. En cours, j’avais du mal à me concentrer. J’étais plus intéressée par la vraie vie, les expériences, que par rester assise sur une chaise. Heureusement, comme mon métier me demande de me mettre dans la peau de quelqu'un, de le comprendre, j’ai l’impression d’être en apprentissage constant.”
"Incarner une sportive qui a eu le courage de se dire homosexuelle face aux médias dans un milieu très misogyne et homophobe, c’est dingue."
Plus galvanisant encore, la possibilité de donner vie à des récits en accord avec ses valeurs. Lors de notre entretien, la comédienne est installée sur la banquette d'un café de Belleville. “J’ai grandi ici, raconte-t-elle. Au sein d’un environnement où aimer un homme ou une femme n’était pas un sujet. Ce message, on le retrouve dans Marinette. Incarner une sportive qui a eu le courage de se dire homosexuelle face aux médias dans un milieu très misogyne et homophobe, c’est dingue.”
Quand vient le moment d’évoquer sa propre identité queer, la jeune actrice se montre en revanche plus hésitante à ce stade de sa vie. “Je vois que je galère à trouver mes mots parce que je n’ai pas envie d’en parler, je trouve que c’est hyper intime, explique-t-elle. J’ai toujours eu du mal avec les étiquettes, ça a toujours été douloureux pour moi. Disons que je ne me définis pas, parce que je me sens toujours en construction. Donc je dirais que je me laisse guider par ma sensibilité et les rencontres que je fais.”
Si Garance Marillier est ravie d'avoir prêtée ses traits à Marinette Pichon, elle ne craint pas les rôles de composition : “Si l'on devait jouer que ce qu’on est vraiment, on se ferait chier !” Plus tard cette année, elle incarnera une ex-junkie enceinte qui galère à joindre les deux bouts dans Rue des dames, de Hamé Bourokba et Ekoué Labitey, “un très beau film choral qui parle de la société post-covid et de la précarité”. L'actrice adorerait également travailler avec Lola Quivoron et Alice Diop. “Je veux expérimenter le plus possible”, conclut-elle, et elle a le temps !
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Crédit photos : The Jokers
