Interdite comme de coutume sous le régime de Recep Tayyip Erdogan, tout juste reconduit à la tête de la Turquie, une Pride LGBT s'est néanmoins tenue ce dimanche 25 juin à Istanbul, et une autre à Izmir. Dans les deux cas, la répression policière était au rendez-vous.
Les années se suivent et se ressemblent sous le régime de Recep Tayyip Erdogan. Ce dimanche 25 juin 2023, plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées à Istanbul pour une Pride LGBT malgré son interdiction par le gouverneur de la ville, devenue systématique depuis plusieurs années. Dénonçant des "détentions massives lors des marches des Fiertés", l'ONG de défense des droits humains Human Rights Watch rapporte plus de 150 arrestations dans le pays, dont 113 dans la seule ville d'Istanbul et au moins 52 à Izmir, dans l'ouest de la Turquie.
À Istanbul, pour pallier l'interdiction de la manifestation, les militants avaient pris soin d'éviter certaines zones, comme la place Taksim. Ils ont également gardé secrets jusqu'au dernier moment les lieux de rassemblement, et fait démarrer le cortège avant l'horaire initialement annoncé. L'an dernier déjà, plusieurs centaines d'arrestations avaient été comptabilisées.
L'homophobie d'État en Turquie
Un mois après la réélection de Recep Tayyip Erdogan à la tête du pays, l'inquiétude reste de rigueur au plan des droits humains. "Sous prétexte de protéger les valeurs familiales, les autorités refusent aux personnes LGBTQI+ de vivre librement, dénonce le directeur d'Amnesty Europe, Nils Muiznieks. En intensifiant la rhétorique anti-LGBTI, le gouvernement a contribué à attiser les préjugés, renforçant les groupes anti-LGBTI en Turquie." La campagne électorale d'Erdogan a en effet été marquée par une homophobie assumée, le candidat accusant ses adversaires d'être pro-LGBT et déclarant notamment lors d'un meeting qu'"aucun LGBT ne peut être le produit de cette nation".
Depuis 2014, lorsqu'une marche des Fiertés avait réuni plus de 100.000 personnes à Istanbul, les autorités turques ont progressivement banni le rassemblement, évoquant des raisons de sécurité. Mais la LGBTphobie d'État en vigueur en Turquie n'est un secret pour personne. En septembre dernier, plus d'une centaine de groupes conservateurs, proches du pouvoir, avaient manifesté pour demander l'interdiction des associations LGBTQI+. Ces manifestations, elles, sont autorisées.
[Mise à jour 28 juin – Nouveau bilan établi par Human Rights Watch]
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