Après l'Open Café dans le Marais puis le Gym Louvre, c'est un sex shop emblématique qui ferme ses portes en catimini à Paris. Nous nous sommes demandé si ces fermetures étaient représentative de l'état du commerce gay dans la capitale.
Nos petites entreprises connaissent-elle la crise ? RoB Paris, sex shop historique du Marais, situé rue Sainte-Croix de la Bretonnerie dans le IVe arrondissement de la capitale, a fermé discrètement ses portes le 8 novembre, placé en liquidation judiciaire. Sur Facebook, AgendaQ évoque plusieurs raisons à cette fin : "La crise sanitaire [...], le remboursement des prêts garantis par l'État, la hausse des charges [...], une période d'inflation qui pousse les consommateurs à réduire certaines de leurs dépenses". Alors, en cette période de morosité économique, le business gay parisien est-il en crise générale ?
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Non, nous répond du tac-au-tac Pascal Robert, patron du Dark Ink, un autre gros sex shop de Paris. "Je ne me fais pas de soucis", ajoute-t-il, assurant que son activité est fleurissante. Pour lui, la fermeture du RoB n'appelle pas à des conclusions sur le secteur : "C'était une boutique tenue par des gens pas très gays, mais efficaces. Cette fermeture n'est pas due à la crise mais à une mauvaise gestion, et la faute à pas de chance", analyse-t-il.
Gym Louvre, Open Café…
"C'est triste, c'est le symbole d'un quartier qui se délite, signale-t-on tout de même au Sneg, syndicat des lieux festifs et de la diversité LGBTQI+, soulignant : "Il s'agissait de l'activité sex shop du groupe Illico qui tenait plein de titres de presse gay."
Impossible de ne pas penser également au Gym Louvre, mythique salle de sport du centre parisien, digne des saunas les plus chauds de la capitale. Le club, qui attirait depuis des années les plus beaux sportifs de Paris, est fermé depuis le mois d'octobre. L'an dernier, c'était l'Open Café qui baissait le rideau, au cœur du Marais, dans une rue des Archives qui avait déjà perdu sa pharmacie et la librairie Les Mots à la bouche (déplacée dans le XIe arrondissement), et où les boutiques de luxe remplacent inexorablement nos lieux gays/queers. En 2021, les fétichistes de la capitale déploraient quant à eux la fermeture de La Mine, leur Q.G de la rue du Plâtre à une centaine de mètres à peine.
"Les enseignes disparaissent les unes après les autres", déplore le Sneg, sans toutefois s'alarmer sur les causes de ces fermetures : "Souvent, ce sont des personnes qui partent à la retraite". Et d'ajouter, optimiste : "Il faut voir le monde qu'il y a devant le Quetzal ou le Raidd !" Signe qu'il n'y a pas péril en la demeure : le nombre d'adhérents au syndicat des lieux festifs LGBTQI+ est stable. Dernièrement, la relance de la librairie lesbienne et féministe Violette & Co, également dans le XIe arrondissement, et la réouverture post-covid de l'incontournable Tango, ont donné du baume au cœur à la communauté. À nous de faire vivre nos lieux !
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