L'annonce, par le Vatican en décembre, de l'autorisation de la bénédiction des couples homosexuels, a suscité une levée de boucliers parmi les évêques, en particulier sur le continent africain, poussant le pape François à une position "en même temps".
"Non pas l'union, mais les personnes." Le pape François a répondu vendredi 26 janvier à la polémique soulevée au sein de l'Église catholique par l'autorisation en décembre par le dicastère pour la Doctrine de la foi (organe du Vatican chargé de protéger la doctrine catholique) de bénir des couples de même sexe – à condition que cette bénédiction soit effectuée en dehors des rituels liturgiques. S'éloignant de l'idée enthousiasmante d'un pacs ecclésiastique, c'est-à-dire d'une forme de reconnaissance hors mariage des couples homosexuels, le souverain pontife a manifestement voulu apaiser les esprits en explicitant, lors d'un discours aux membres du dicastère : "Quand un couple en fait la demande, on ne bénit pas l'union, mais simplement les personnes qui l'ont demandée ensemble."
L'annonce surprise de décembre avait largement été perçue comme un changement doctrinal majeur. De fait, deux ans plus tôt, le Vatican avait répondu à ce sujet : "Il n’est pas licite de donner une bénédiction aux relations ou partenariats, même stables, qui impliquent une pratique sexuelle hors mariage (c’est-à-dire hors de l'union indissoluble d’un homme et d’une femme ouverte en soi à la transmission de la vie), comme c’est le cas des unions entre personnes du même sexe", écrivait en 2021 la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Le pape contesté par l'Église africaine
La nouvelle doctrine a suscité une bronca au sein de la frange la plus conservatrice de l'Église, en particulier en Afrique où de nombreux dignitaires catholiques ont exprimé leur réprobation : au Malawi, au Nigeria, en Zambie, en République démocratique du Congo, au Togo, au Cameroun, en Guinée, en Côte d'Ivoire, au Sénégal… Le 11 janvier, le Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), représentant les évêques catholiques du continent, a officialisé une position commune dans un communiqué publié à Accra, la capitale du Ghana : "Nous, les évêques africains, ne considérons pas qu'il soit approprié pour l'Afrique de bénir les unions homosexuelles ou les couples de même sexe."
Dans ce texte, les évêques africains estiment que l'approbation de la bénédiction des couples de même sexe n'est "pas appropriée" sur leur continent, ajoutant qu'elle entraînerait "une confusion et serait en contradiction directe avec l'éthos culturel des communautés africaines". L'homosexualité est encore illégale dans une trentaine de pays africains (sur 54) – où les autorités religieuses occupent encore un rôle souvent prépondérant – et même punie très sévèrement dans plusieurs d'entre eux.
Dans un communiqué de presse de cinq pages publié le 4 janvier pour "clarifier la réception" de son texte, le dicastère pour la Doctrine de la foi avait déjà reconnu la nécessité de prendre en compte "la situation délicate de certains pays" où l'homosexualité est rejetée : "S'il existe des législations qui condamnent à l'emprisonnement et, dans certains cas, à la torture voire à la mort le simple fait de se déclarer homosexuel, on comprend qu'une bénédiction serait imprudente." Tout en soulignant que "ces bénédictions (…) n'exigent pas de perfection morale pour être reçues", le pape François s'est aligné sur cette position, reconnaissant l'importance de "tenir compte du contexte, de la sensibilité, des lieux dans lesquels on vit et des moyens les plus adaptés pour le faire". Un "en même temps" qui confirme l'évidence : une Église ouverte à tous, et notamment aux fidèles LGBT+, ne se fera pas en un jour…
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