Répondant à une question lors d'une conférence retransmise à la télévision et à la radio, Evariste Ndayishimiye, le président du Burundi, s'est lancé dans un ignoble réquisitoire contre l'homosexualité.
Si l'Église catholique autorise désormais la bénédiction des couples homos, c'est en s'appuyant sur la Bible que le président burundais, Evariste Ndayishimiye, s'est lancé dans une violente diatribe contre l'homosexualité, retransmise à la télévision et à la radio. Au Burundi, pays d'Afrique de l'Est où l'homosexualité est illégale, le chef de l'État a ainsi appelé, vendredi 29 décembre 2023, à "lapider" les couples gays qui selon lui auraient "choisi le diable" et attireraient une "malédiction" nationale avec le mariage pour tous, une "pratique abominable".
"Vous m'avez posé une question sur cette pratique abominable qui fait qu'un homme se marie avec un autre homme et une femme avec une autre femme", a répondu Evariste Ndayishimiye lors d'une conférence publique, avant d'évoquer la Bible. "Je vous dis la vérité, si vous voulez attirer la malédiction sur un pays, il faut laisser les gens de même sexe se marier. Vous vous souvenez de ce qui est arrivé à Sodome et Gomorrhe ? Dieu en est arrivé alors à dire : 'Je regrette d'avoir créé l'homme'", a-t-il ajouté avant d'appeler à la lapidation des couples gays.
Homophobie en Afrique de l'Est
"Personnellement, je pense que si on voit ce genre d'individus au Burundi, on devrait les mettre dans un stade et les lapider avec des pierres. Et ce ne serait pas un péché pour ceux qui le feront !" a poursuivi le président de ce pays majoritairement catholique. L'année dernière, Evariste Ndayishimiye avait déjà appelé à "bannir" les homosexuels et à les "traiter en parias". Au Burundi, les relations homosexuelles sont passibles d'amendes et de peines de prison allant de trois mois à deux ans. Ainsi, en mars dernier, 24 personnes ont été accusées de "pratiques homosexuelles ou incitation aux pratiques homosexuelles". Parmi elles, sept ont été condamnées à de lourdes peines : cinq personnes ont été condamnées de deux à cinq ans de prison et les deux autres à un an de détention.
Dans de nombreux pays d'Afrique de l'Est, où les sociétés conservatrices sont fortement influencées par la religion, les personnes LGBTQI+ sont victimes de législations homophobes. En mai 2023, l'Ouganda, un pays voisin, a voté une loi durcissant la pénalisation de l'homosexualité, jusqu'à la peine de mort, et interdit la pseudo "promotion de l'homosexualité", suscitant des réactions du monde entier et des sanctions américaines. "Vous avez dit que les pays occidentaux tentent de forcer les petits pays pour qu'ils adoptent cette pratique, et qu'ils ne recevront aucune aide s'ils ne s’y conforment pas. Qu'ils gardent leur aide, qu'ils la gardent ! a déclaré le président burundais. Celui qui a choisi le diable, qu'il aille vivre dans ces pays. D'ailleurs, je crois que ceux qui s'exilent dans ces pays y vont pour adopter ces pratiques (...) Qu’ils ne reviennent plus !". Malheureusement, on fait difficilement plus clair.
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Crédit photo : service de presse de la présidence du Burundi