États-UnisLobby réac : Donald Trump reçoit la visite empressée de Viktor Orbán

Par têtu· avec AFP le 08/03/2024
Viktor Orban chez Donald Trump.

Au lendemain de la victoire de Donald Trump au "Super Tuesday", qui le laisse désormais sans concurrent dans la primaire des Républicains pour la présidentielle de novembre prochain aux États-Unis, le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, est en Floride pour rencontrer son "ami".

Viktor Orbán se comporte comme si Donald Trump était déjà de retour à la Maison Blanche. Le Premier ministre de Hongrie rencontre ce vendredi 8 mars le milliardaire dans la luxueuse résidence à Mar-a-Lago, en Floride. Depuis le retrait de sa concurrente, Nikki Haley, au terme du "Super Tuesday" cette semaine, l'ancien président des États-Unis âgé de de 77 ans est désormais seul en lice dans la course pour l'investiture républicaine à la présidentielle de novembre prochain. Sauf accident, il affrontera donc Joe Biden.

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Le Premier ministre hongrois est l'un des rares dirigeants en Europe à souhaiter ouvertement la victoire de Donald Trump dans ce duel retour. "On n'est pas en train de jouer aux dés, c'est juste que miser sur le retour du président Donald Trump est la seule approche sensée pour la Hongrie", a-t-il ainsi déclaré en début de semaine lors d'un discours devant la Chambre de commerce et d'industrie hongroise.

Trump & Orbán, leaders du lobby réac

L'entretien entre les deux hommes vise à "renforcer les liens diplomatiques et stratégiques entre la Hongrie et les États-Unis", a écrit sur X le porte-parole du gouvernement, Zoltan Kovacs. La guerre en Ukraine sera certainement au programme des discussions, les deux populistes-nationalistes partageant les mêmes positions isolationnistes. Donald Trump a récemment poussé ses partisans au Congrès à bloquer une aide militaire américaine de 60 milliards de dollars pour Kiev. Viktor Orbán, unique dirigeant de l'Union européenne (UE) à avoir maintenu des liens étroits avec le Kremlin, refuse lui aussi d'envoyer tout soutien militaire à l'Ukraine. Selon lui, Donald Trump est le seul à pouvoir ramener la paix en Europe.

Les deux têtes de proue du lobby réac de part et d'autre de l'Atlantique ont en commun leur rejet des migrants, leur aversion des contre-pouvoirs et leur appétence pour la désinformation. Le style de gouvernance controversé du Premier ministre hongrois, en conflit permanent avec Bruxelles, le rapproche également du chaotique candidat républicain. Leur proximité remonte à plusieurs années déjà : Viktor Orbán avait appuyé le milliardaire en 2016 face à Hillary Clinton (l'ancienne secrétaire d'État américaine l'ayant ouvertement critiqué dès 2011), avant d'être reçu en 2019 par Donald Trump à Washington, un honneur rare pour le petit pays d'Europe centrale. Le président américain avait alors salué "un grand leader" prompt à "protéger la Hongrie et freiner l'immigration illégale".

À la défaite de Trump en 2020, Viktor Orbán avait déploré la perte d'un "soutien majeur", et n'avait ensuite pas condamné l'assaut sur le Capitole par les partisans du milliardaire américain le 6 janvier 2021. Ses relations avec l'administration Biden sont en revanche exécrables, Washington critiquant aujourd'hui par la voix de son ambassadeur à Budapest, David Pressman, "l'étreinte avec Moscou", les mesures anti-LGBT+ et les atteintes à l'État de droit. Quant au gouvernement hongrois, il accuse à mots couverts les Démocrates américains d'interférer dans les élections et autres affaires internes, en distribuant des milliards de dollars à l'opposition et aux ONG. Signe de ce rapprochement avec les Républicains, Budapest accueille chaque printemps une conférence CPAC, déclinaison de la grand-messe conservatrice organisée aux États-Unis. Ces deux dernières années, Donald Trump y a envoyé des vidéos pré-enregistrées, et en 2023 Viktor Orbán y a dénoncé "le virus du wokisme" propagé par les "libéraux occidentaux", se vantant d'avoir "l'antidote" en Hongrie… Comme larrons en foire, on vous dit.

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Crédit photo : Zoltan Fischer/ Bureau du Premier ministre hongrois / AFP