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EuropeLa Hongrie d'Orbán n'est plus une vraie démocratie, statue le Parlement européen

Par têtu· le 15/09/2022
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Le Parlement européen a adopté un rapport estimant que la Hongrie dirigée par Viktor Orbán n'était plus réellement une démocratie mais un "régime hybride d'autocratie électorale".

L'Europe met enfin des mots sur la situation en Hongrie. L'État membre de l'Union européenne (UE) – depuis 2004 – est devenu, sous la direction depuis 2010 du Premier ministre Viktor Orbán, un "régime hybride d'autocratie électorale", ont estimé ce mercredi 14 septembre les eurodéputés réunis à Strasbourg, adoptant par 433 voix (123 voix contre, 28 abstentions) un rapport en ce sens présenté par l'élue écologiste française Gwendoline Delbos-Corfield, applaudie dans l'hémicycle à l'issue du vote.

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"Depuis des années, nous évitons de définir ce qui se passe en Hongrie, de nommer précisément le régime du gouvernement hongrois (...) parce que dans nos textes il est très clair que les décisions prises au Conseil sont des décisions qui sont prises par 27 Etats démocratiques", a argumenté l'élue. "Nous savons que c'est la famille même d'Orban qui récupère les fonds européens", a-t-elle poursuivi, citant également "les restrictions des droits parlementaires", l'espionnage des journalistes, la mainmise gouvernementale sur les universités, la "loi infamante" contre les personnes LGBTQI+ "qui ressemble aux lois poutiniennes" (c'en est même un quasi copié-collé !) mais aussi le durcissement récent des conditions d'avortement. "Les choses ont dramatiquement évolué" en Hongrie ces dernières années, a donc souligné Gwendoline Delbos-Corfield lors d'un débat dans l'hémicycle, relevant encore que "l'indépendance de la justice est aussi peu probable en Hongrie qu'elle ne l'est en Pologne".

Viktor Orbán, Poutine, Le Pen et Zemmour

Dans son rapport, le Parlement européen "regrette profondément que l'absence d'action décisive de la part de l'Union ait contribué au délitement de la démocratie, de l'État de droit et des droits fondamentaux en Hongrie, faisant du pays un régime hybride d'autocratie électorale, comme le montrent les indicateurs les plus pertinents". L'institution a déclenché depuis 2018 une procédure à l'encontre de la Hongrie pour "risque de violation grave des valeurs européennes" (article 7 du Traité), qui peut en théorie aller jusqu'à priver le pays de son droit de vote au Conseil, et donc de sa voix dans le concert européen.

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Nationaliste et ultra-conservateur, Viktor Orbán revendique d'ailleurs l'exercice d'une "démocratie illibérale" et entretient des liens de coopération – et idéologiques – avec la Russie de Vladimir Poutine. Il officie également de plus en plus comme leader spirituel de l'extrême droite européenne, courtisé en France à la fois par Éric Zemmour qui "admire sa politique" et par Marine Le Pen, qu'il a officiellement soutenue dans sa dernière campagne présidentielle. Un vrai lobby.

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Crédit photo : Attila Kisbenedek / AFP