politiqueComme Le Pen et Zemmour, Trump loue le "grand leader" Viktor Orbán

Par Nicolas Scheffer le 05/01/2022
Donald Trump et Viktor Orban

Des news de Donald Trump : pour bien commencer l'année 2022, l'ancien président américain a offert ses vœux de réélection à Viktor Orbán, qui lui aussi fait face à une échéance électorale au printemps. Le Premier ministre hongrois LGBTphobe est déjà la coqueluche de l'extrême droite française, de Marine Le Pen à Éric Zemmour, l'ensemble formant avec Vladimir Poutine un Axe assez clair…

Donald Trump craindrait-il d'être oublié de l'Internationale populiste ? Ce lundi 3 janvier, en guise de "bonne année", l'ancien président américain a apporté son soutien au Premier ministre hongrois Viktor Orbán en vue des élections législatives qui se tiendront dans son pays en avril. Un scrutin particulièrement importantes pour la Hongrie puisqu'il s'agira de reconduire, ou non, le chef de gouvernement ouvertement LGBTphobe et xénophobe.

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Donald Trump séduit par un "travail remarquable"

Un profil séduisant pour Donald Trump, qui a donc tenu à apporter son "soutien le plus complet" à la campagne de ce "grand leader, respecté de tous", rapporte le New York Times. Selon lui, Viktor Orbán a fait un "travail remarquable" pour "protéger la Hongrie, freiner l'immigration illégale, créer des emplois". Et tant pis pour les détails, comme par exemple le fait que la politique migratoire du Premier ministre hongrois n'ait même pas recueilli, en 2016, le quorum nécessaire à valider le référendum qu'il avait convoqué pour contester la répartition de migrants dans l'Union européenne. Ou que le 16 novembre dernier, la Cour de Justice de l'UE ait dénoncé une infraction à la protection de réfugiés vulnérables, purement et simplement expulsés de force sans examen de leur demande d'asile, rappelle Reuters cité par Challenge, ce qui vaut au pays une nouvelle procédure d'infraction qui pourrait aboutir à des sanctions financières, voire à une exclusion de la Hongrie des décisions européennes.

Quant à la politique d'emploi vantée par Donald Trump, si le chômage a en effet baissé à un niveau historiquement bas en Hongrie, c'est notamment parce que Viktor Orbán a investi des centaines de millions d'argent public pour la construction de nouveaux stades sportifs qui ont permis d'enrichir une poignée de proches... Cela représente trois fois plus d'argent investi que dans la santé publique depuis le début de la pandémie, relève France Info, alors que la Hongrie est l'un des pays au monde avec le plus fort taux de mortalité due au Covid-19. La suspension du plan de relance européen à Budapest, à cause de l'insuffisante lutte contre la corruption de son gouvernement, prive par ailleurs le pays de de 7 milliards d'euros d'aides.

Viktor Orbán, coqueluche de l'extrême droite mondiale

Si elle n'a rien de surprenant, la déclaration d'amour de Donald Trump à Viktor Orbán confirme le statut de coqueluche montante du Hongrois dans le coeur de l'extrême droite mondiale. Ainsi, lorsqu'il a fait voter l'été dernier une loi empêchant toute représentation de l'homosexualité auprès des mineurs (dans les films, les livres ou encore les publicités), Marine Le Pen l'a également soutenu, reprenant sa rhétorique spécieuse : "Je pense qu’il ne faut faire la promotion d’aucune sexualité auprès des mineurs". Avant de se précipiter à Budapest en octobre dernier pour le rencontrer, suivant de près un certain Éric Zemmour qui avait fait le pèlerinage en septembre afin, comme Donald Trump, de lui déclarer sa flamme : "J'admire sa politique, j'admire sa résistance à l'air du temps", en particulier face à "la propagande totalitaire menée par le lobby LGBT". 

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Le tableau de cet Axe LGBTphobe ne serait pas complet sans Vladimir Poutine, qui terminé l'année 2021 en assumant à nouveau son opposition aux droits des personnes LGBT+, en ces termes : "Il ne faut pas lutter contre ça avec des décrets, en hurlant ou en lançant des accusations, mais en soutenant nos valeurs traditionnelles". Valeurs qu'il explicite de longue date : la famille composée d'un homme et d'une femme mariés ainsi que "la foi en Dieu", deux notions inscrites par ses soins dans la Constitution russe. Ce sont d'ailleurs les lois LGBTphobes russes qui ont inspiré la Hongrie d'Orbán, ainsi que la Pologne dirigée par les ultra-conservateurs.

Bref, voilà d'ores et déjà posé l'un des enjeux de 2022 en Europe : pour ou contre le développement d'une amicale extrémiste à travers l'Union. Mais pour ne pas commencer l'année sans note d'espoir, gardons à l'esprit que la traque orbanienne de "l'idéologie LGBT" suscite de réelles oppositions en Hongrie. D'ailleurs, le fameux livre revisitant Cendrillon avec des personnages LGBT+, que Viktor Orbán voulait interdire, est au bout du compte plébiscité par les Hongrois : resté confidentiel jusqu'à ce qu'il s'y intéresse, il a été offert par 40.000 personnes à Noël. Tout n'est pas perdu.

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Crédit photo : illustration d'archive (2019), capture d'écran The Guardian