européennes"Les femmes trans ne sont pas des femmes", clame une alliée de Jordan Bardella au Parlement européen

Par Nicolas Scheffer le 12/03/2024
Christine Andersen, députée européenne Identité et liberté

S'exprimant sur les droits des femmes, l'eurodéputée allemande d'extrême droite Christine Anderson, alliée du Rassemblement national, s'est lancé dans une diatribe transphobe approuvée par Jordan Bardella, tête de liste du RN aux élections européennes.

"Aujourd'hui, nous devrions célébrer le droit des femmes à déterminer leur propre vie." Ce mardi 12 mars, alors que le Parlement européen débat des droits des femmes quatre jours après la Journée internationale qui leur est dédiée, l'eurodéputée allemande Christine Anderson, du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), prend la parole au nom du groupe Identité et démocratie (ID), auquel appartient le Rassemblement national (RN). Le discours paraît bien parti, avant qu'elle ne retourne son argument dans une diatribe transphobe contre les défenseurs de l'autodétermination.

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"Les socialistes et les marxistes, comme d'ordinaire, souhaitent corseter les femmes dans une idéologie qui correspond à leurs besoins politiques", attaque-t-elle, comme si la gauche n'avait pas été à l'avant-poste des conquêtes féministes. Mais de quoi les femmes sont-elles interdites à cause des socialistes et des marxistes ? "On modifie notre langue, on l'adapte au genre, mais on invisibilise aussi les femmes", poursuit Christine Anderson, comme si l'extrême droite ne s'était pas systématiquement opposé à la féminisation des intitulés féminins. "Qu'est-ce qu'une femme ? philosophe-t-elle d'un coup. Une seule réponse est possible : il s'agit d'une personne adulte de sexe féminin." Simone de Beauvoir appréciera d'être résumée à ses organes génitaux.

La fable transphobe du lobby réac

Et l'eurodéputée de nommer ce fléau qui menace les femmes : "Nous disons lutter contre les violences faites aux femmes mais nous faisons l'inverse, par exemple dans les toilettes où l'on ne protège plus les femmes, mais on les menace de poursuites judiciaires lorsqu'elles ne tolèrent pas la présence d'hommes. Nous ne voulons plus de cela. Les femmes trans ne sont pas des femmes", lance-t-elle au micro de l'assemblée. Énième resucée de cette fable, en vogue chez les transphobes du lobby réac, d'hommes qui s'engageraient dans une transition de genre juste pour aller agresser des femmes cis dans leurs toilettes.

Tout cela pourrait prêter à sourire si face à elle, Jordan Bardella, la tête de liste du RN pour les prochaines élections européennes (le 9 juin), n'était pas en train d'opiner du chef. Le discours qu'il écoute est bien celui d'une alliée, Christine Anderson faisant partie du même groupe politique que lui et les 16 autres députés européens du Rassemblement national. "Alors qu'avec Les Verts, nous avons fait inscrire un débat cette semaine sur les actes transphobes commis en Grèce, je fais le constat qu'au cœur même du Parlement, la parole transphobe s'exprime", réagit le vice-président (Renaissance) de l'intergroupe LGBTQI+, Pierre Karleskind. En avril 2023, la majorité du groupe ID avait voté contre un texte prônant la dépénalisation universelle de l'homosexualité. Jordan Bardella s'était quant à lui abstenu. À vous de choisir le 9 juin !

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Crédit photo : capture d'écran Parlement européen