Kesaria Abramidzé, première personnalité publique à avoir évoqué ouvertement sa transition de genre en Géorgie, a été assassinée chez elle. Un crime qui intervient alors que la communauté LGBT+ du pays souffre déjà d'un durcissement de la législation.
La coïncidence chronologique est tragique. Deux jours après le vote d'une loi restreignant les droits LGBT+ en Géorgie, les autorités ont annoncé ce jeudi 19 septembre enquêter sur la mort d'une influenceuse transgenre célèbre dans ce pays du Caucase, Kesaria Abramidzé, suspectant un assassinat lié à son identité de genre.
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Première personnalité publique à avoir évoqué ouvertement sa transition de genre, l'actrice et mannequin âgée de 37 ans, qui était suivie par plus de 500.000 personnes sur Instagram, avait représenté le pays au concours Miss Trans Star International en 2018. Elle a été assassinée mercredi à son propre domicile "de multiples coups de couteaux", a indiqué le ministère de l'Intérieur, ajoutant avoir arrêté un suspect, identifié par des médias locaux comme le petit ami de l'influenceuse. "Une enquête est menée sur un 'meurtre prémédité commis avec une cruauté particulière et des circonstances aggravantes liées au genre'", ajoute le communiqué.
"Cette tragédie doit réveiller la société géorgienne"
Kesaria Abramidzé avait accusé par le passé les pouvoirs publics de ne pas lutter efficacement contre la violence conjugale, et avait déclaré en avril sur les réseaux sociaux qu'elle subissait la violence de son partenaire, prise dans une "relation toxique depuis deux ans". "Non au féminicide qui est devenu si fréquent dans notre pays !", avait-elle écrit, affirmant craindre pour sa vie et annonçant avoir été contrainte de se réfugier temporairement à l'étranger.
Ce transféminicide intervient par ailleurs en plein virage conservateur et anti-occidental du parti au gouvernement, le Rêve Géorgien. Accusé par ses opposants de vouloir se rapprocher de la Russie, il a de facto fait adopter au Parlement, la veille du meurtre de Kesaria Abramidzé, une loi contre la "propagande des relations homosexuelles" directement inspirée de l'homophobie d'État pratiquée par Vladimir Poutine et qui a déjà fait plusieurs émules en Europe de l'Est, notamment en Hongrie et plus récemment en Bulgarie.
Au cours des dernières décennies la Géorgie, ex-république soviétique de confession majoritairement chrétienne orthodoxe, s'était pourtant rapprochée de l'Occident et ambitionne de rejoindre l'UE et l'Otan. Mais dans un rapport daté de 2022, le bureau du commissaire géorgien aux droits humains pointait déjà que la communauté LGBT+ était victime de "discrimination et de violences persistantes". "Cette tragédie doit réveiller la société géorgienne", a écrit sur Facebook la présidente, Salomé Zourabichvili, pro-occidentale et en rupture avec le gouvernement du Rêve géorgien, condamnant "l'horrible meurtre" de Kesaria Abramidzé.
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Crédit photo : @kesaria_official