EuropeEn Slovaquie, le gouvernement s'inscrit contre les LGBT dans l'axe Trump-Orbán

Par têtu· avec AFP le 29/01/2025
Robert Fico, Premier ministre de la Slovaquie.

Vous avez aimé Viktor Orbán, le Premier ministre ouvertement anti-LGBT de la Hongrie ? Vous allez adorer son homologue de Slovaquie, Robert Fico…

"Nous avons deux sexes, masculin et féminin." Cette fois, la phrase n'est pas de Donald Trump mais du gouvernement slovaque, qui a publié ce mardi 28 janvier une proposition d'amendement à la Constitution restreignant les droits des couples de même sexe et durcissant le changement de genre. Et ce, dans un pays dont la communauté LGBTQI+ a été secouée en 2022 par l'assassinat de deux hommes devant un bar gay de la capitale, Bratislava, par le fils d'un membre d'un petit parti d'extrême droite.

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Reprenant donc la rhétorique utilisée par le président américain réactionnaire le jour de son investiture, la proposition gouvernementale proclame : "Le sexe ne peut être modifié que pour des raisons sérieuses, selon des modalités qui seront fixées par la loi." Le projet réserve par ailleurs l'adoption d'enfant, à de rares exceptions, aux seuls couples mariés, et donc hétéros puisque le pays ne reconnaît pas le mariage des couples homos. Les écoles sont enfin appelées à "enseigner uniquement" ce qui est conforme à la Constitution.

Robert Fico, le Viktor Orbán slovaque

Le projet rappelle ceux portés depuis des années par le Premier ministre de la Hongrie voisine, Viktor Orbán, devenu le leader du lobby réactionnaire en Europe. Son homologue slovaque, l'ancien socialiste Robert Fico, élu en 2023 sur une ligne nationale-populiste, russophile et xénophobe, invoque, en écho, "les traditions, l'héritage culturel et spirituel de nos ancêtres" pour rétablir "le bon sens" et dresser "un barrage constitutionnel face au progressisme".

Déjà, le gouvernement souverainiste avait récemment annoncé la fin des subventions aux associations de défense des droits LGBTQI+. Une de ses ministres a aussi dénoncé une idéologie menant à "une extinction de la race blanche". Lors d'un précédent mandat, en 2014, le même Robert Fico avait limité constitutionnellement le mariage à une "union exclusive entre un homme et une femme". Un an plus tard, il avait organisé un référendum censé barrer la route au mariage pour tous, invalidé faute de participation suffisante.

Si elle est adoptée, la nouvelle législation "introduirait de nouveaux obstacles dans le traitement de transition des personnes transgenres et cimenterait dans la loi fondamentale les inégalités ciblant les familles de couples de même sexe", a réagi auprès de l'Agence France-Presse (AFP) le directeur de l'ONG Iniciativa Inakost (Altérité), Martin Macko. Ce qui représenterait un "premier pas concret nous éloignant de l'Union européenne (UE)", prévient ce militant. Pour lui, l'initiative vise surtout "à détourner l'attention" de la crise politique actuelle en Slovaquie, la coalition de Robert Fico se trouvant sous la pression de manifestations massives pour défendre l'État de droit et rejeter le rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine.

L'UE à nouveau défiée

Mise en ligne sur le site du gouvernement, la proposition doit faire l'objet d'un débat public pendant un mois avant un éventuel vote au Parlement. Conscient qu'elle mettrait le pays en infraction avec le droit de l'UE, le texte précise que "la souveraineté" de la Slovaquie sur ce type de "questions culturelles et éthiques" devrait primer sur le droit européen.

La primauté du droit européen, qui garantit la liberté d'expression et la non-discrimination, a déjà été remise en cause en 2021 par la Pologne, qui avait adopté des mesures similaires et en particulier une loi d'inspiration russe interdisant d'évoquer l'homosexualité devant des mineurs. L'Europe avait réagi en lançant une procédure d'infraction aux traités de l'UE contre la Pologne, ainsi que contre la Hongrie. Entretemps le parti populiste Droit et Justice (PiS) a perdu le pouvoir à Varsovie, au profit d'une coalition gouvernementale pro-européenne dirigée par Donald Tusk.

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Crédit photo : Conseil européen, CC via Flickr

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