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écoleHarcèlement scolaire : le calvaire est plus fréquent et plus dur pour les jeunes LGBTQI+

Par Nicolas Scheffer le 28/06/2022
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Une nouvelle étude vient documenter le harcèlement scolaire subi par les jeunes LGBTQI+ par rapport à la population générale. "J'espère que ces résultats vont faire réagir les pouvoirs publics car il y a urgence", plaide son auteur.

C'est un nouveau signal d'alarme. À l'école, les adolescents LGBTQI+ sont plus régulièrement victimes de harcèlement scolaire, confirme une étude de l'Observatoire national des discriminations et de l'égalité dans le supérieur, conduite avec l'Université Gustave Eiffel et que nous vous dévoilons. La surexposition des jeunes LGBTQI+ ne s'arrête pas à cette donnée : l'enquête montre en outre que quand ils sont harcelés pour leur orientation sexuelle ou leur identité de genre, ces jeunes le sont plus et plus longtemps que pour d'autres motifs. Quant à la réponse de l'institution, elle est généralement plus faible que pour d'autres types de harcèlement.

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"J'espère que ces résultats vont faire réagir les pouvoirs publics car il y a urgence", plaide Mickaël Jardin, auteur du rapport. En effet, chez les jeunes LGBTQI+, l'expérience du harcèlement est très largement partagée : 59% déclarent en avoir fait l'amère expérience au cours de leur scolarité, contre 34% dans le groupe témoin de répondants non-LGBTQI+. "Le fait d'être LGBTQI+ augmente la probabilité d'être harcelé de 25%", résume le chercheur, signalant : "Ce chiffre confirme pour la première fois de manière factuelle l'ampleur du phénomène". Un rapport sénatorial récent évaluait qu'entre 800.000 et un million d'élèves sont concernés ; parmi eux, les élèves LGBTQI+ sont donc surreprésentés.

Sans surprise, l'écart entre LGBTQI+ et non-LGBTQI+ est particulièrement important concernant le harcèlement subi au collège (24,5 points), où l'essentiel des élèves découvrent leur orientation sexuelle, puis perdure nettement au lycée (21 points de différence), avant de diminuer dans le supérieur.

Le harcèlement plus long pour les LGBTQI+

Un problème qui mériterait d'autant plus d'être enfin pris à bras le corps que le harcèlement concernant les jeunes LGBTQI+ est aussi... plus violent. "Non seulement les personnes LGBTQI+ sont plus à risque d'être harcelées, mais ce harcèlement conduit plus souvent au décrochage scolaire ainsi qu'à une détresse psychologique plus importante", indique Mickaël Jardin. Des effets plus graves qui s'expliquent notamment parce que le phénomène dure plus longtemps. Les personnes LGBTQI+ harcelées rapportent ainsi que leur calvaire a duré 45 mois en moyenne, contre 34 mois chez les hétéros. "Cela témoigne que l'institution n'arrive pas à protéger les personnes LGBTQI+. D'ailleurs, d'autres études montrent que le harcèlement sur la base de l'orientation sexuelle est moins réprimé que le harcèlement sur d'autres critères", décrypte le chercheur.

L'école a du mal à endiguer le fléau que représente le harcèlement scolaire. En mars dernier, une proposition de loi a été adoptée pour faire du harcèlement un délit pénal punissable de trois ans d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende. "Notre volonté est de définir dans le contrat de société un interdit", commentait auprès de têtu· Erwan Balanant, député (MoDem - Ensemble) du Finistère. Au cours de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a déclaré, toujours auprès de têtu·, "souhaite[r] étudier la possibilité de créer une circonstance aggravante en cas deharcèlement aux motivations racistes, antisémites ou LGBT-phobes". Quant aux sensibilisations nécessaires, des associations, aux LGBTphobies à l'école, après s'être montré "sceptique" sur leur nécessité au collège, Emmanuel Macron a souhaité souligné leur caractère "essentiel". Maintenant, au nouveau ministre de l'Éducation de trouver les moyens qu'elles aient lieu dans toutes les classes.

*Enquête réalisée sur 900 personnes (460 LGBTQI+ et 440 non-LGBTQI+) grâce à un questionnaire diffusé sur différents réseaux sociaux et au sein de plusieurs associations LGBTQI+ et d'étudiants.

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Crédit photo : Taylor Wilcox / Unsplash