mondeEn Ouganda, HRW alerte sur les conséquences terribles de la loi anti-LGBT

Par têtu· avec AFP le 26/05/2025

Deux ans après le vote en Ouganda d'une des pires lois anti-LGBT au monde, l'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) publie un rapport accablant qui décrit ses conséquences terribles.

Violences, menaces, arrestations… La "loi anti-homosexualité" votée en 2023 en Ouganda, l'une des plus répressives au monde, a "institutionnalisé l'homophobie" dans cet État d'Afrique de l'Est et fait vivre la communauté LGBT dans "un climat de peur", dénonce ce lundi 26 mai l'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW). Ce texte prévoit de lourdes peines pour les personnes ayant des relations homosexuelles ou faisant la "promotion" de l'homosexualité. Un délit d'"homosexualité aggravée" est même passible de la peine de mort.

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"L'adoption de la 'loi anti-homosexualité' et les attaques qui ont suivi contre les minorités sexuelles et les groupes de défense des droits des LGBT en Ouganda ont dévasté plusieurs communautés déjà marginalisées et intensifié les vulnérabilités existantes", pointe le rapport d'HRW, intitulé "Ils mettent nos vies à risque : comment la loi ougandaise anti-LGBT déchaîne les abus". Interrogé par l'Agence France-Presse, Oyem Nyeko, l'auteur du rapport, observe que "la loi a légitimé les atteintes aux droits humains contre les personnes et organisations LGBT", qui "vivent dans un climat de peur, parce qu'il y a une loi qui justifie que les gens s'en prennent violemment à eux".

Homophobie institutionnalisée

Après le vote de cette nouvelle législation, les violences "ont augmenté", sans que leurs auteurs ne soient inquiétés par la police ou la justice, développe Oyem Nyeko : "Comme l'homosexualité est un crime, les autorités ou des citoyens peuvent commettre des agressions sans que rien ne leur arrive." Citant l'exemple de "policiers qui rançonnent les homosexuels – ils les rencontrent en ligne et menacent de les arrêter s'ils ne leur donnent pas d'argent", le chercheur dénonce : "Cette loi a vraiment rendu l'homophobie légitime. Elle l'a institutionnalisée."

Parmi la soixantaine de personnes interrogées par HRW pour ce rapport, certaines ont raconté les menaces reçues depuis deux ans. "Tu vas perdre ton enfant", a-t-on dit à la mère d'une fille non-binaire. "Ces gens seront tués", a entendu la maman d'un garçon bisexuel alors qu'elle était au marché.

L'ONG ougandaise DefendDefenders affirme avoir identifié "huit cas de violence physique et sexuelle, y compris des cas de viol par des hommes de personnes qu'ils présumaient être homosexuelles afin de les 'convertir' à l'hétérosexualité", et ce dans les 24 heures ayant suivi le vote de la loi. Faisant état de personnes ayant été chassées de leur domicile ou de leur emploi, Oyem Nyeko résume : "Si vous êtes perçu comme étant LGBT, vous pouvez être attaqué." HRW indique avoir contacté de nombreux services gouvernementaux, policiers, judiciaires en Ouganda pour ce rapport, sans avoir jamais obtenu la moindre réponse.

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