En ce mois des Fiertés, voici une sélection d'essais à lire entre deux marches pour penser nos identités, nos valeurs et notre communauté.
- Le plus 30 millions d'amis
Mrs Robinson est un cocker un peu spécial : elle accompagne quotidiennement son humain, Patrick Papazian, médecin sexologue, lors de ses consultations. C'est à elle que le spécialiste, engagé de longue date dans la santé communautaire, donne la parole dans un essai tendre et réjouissant. Une manière bienveillante, souvent drôle, d'explorer la sexualité, queer ou non, vanille ou kinky, sous toutes ses coutures, ses doutes et ses questionnements.
>> Le Cocker du sexologue – Au cœur des consultations, de Patrick Papazian. Éditions de l'Opportun.
- Le plus bi
Alors que les prises de parole et théories bisexuelles demeurent rares, Bisexualités féministes – contre-récits depuis une dissidence située, traduction d'articles et de témoignages de membres du collectif argentin Bisexuales Feministas, offre une vision panoramique des récits et et des enjeux du vécu bi. Un ouvrage passionnant, alors même que les études sociologiques françaises montrent une montée en puissance de la fluidité des orientations sexuelles chez les femmes.
>> Bisexualités féministes – contre-récits depuis une dissidence située, de Laura A. Arnés, Malena Correa, Agustina Herrero, Agostina Invernizzi, Josefina Itoiz, Iris Luz Ortellao et Ayelen Pandolfi Chediac. Éditions Milgrana.
- Le plus générationnel
"40 ans, c'est la descente aux enfers", ironisait Florence Foresti. Qu'est-ce qu'avoir 40 ans quand on est né dans les années 1980 ? Est-ce que ça marque vraiment le début de la fin ? ou une renaissance ? En se nourrissant de travaux féministes et queers, comme ceux de Sara Ahmed, Monique Wittig ou Adrienne Rich, Alexia Soyeux, créatrice du podcast Présages interroge la fameuse crise de la quarantaine dans un monde perpétuellement en crises et questionne le poids de l'hétéronorme sur les représentations de l'âge. Une réflexion inédite dans la sphère francophone à offrir à tous les millennials !
>> Passer l'âge. La crise de la quarantaine entre mythes et réalités, de Alexia Soyeux. Éditions Hors d'Atteinte.
- Le plus psy
C'est une chose répétée : quand on ne va pas bien, c'est important de consulter un psy. Mais prendre rendez-vous d'un spécialiste de la santé mentale pour la première fois reste intimidant, avec souvent la peur d'être jugé. Dans ce court essai joliment écrit, le psychologue Samuel Dock dédramatise, avec bienveillance, la psychothérapie. "Une vie psychique « normale » n'est pas une vie psychique « normée »", nous dit-il pour lever les craintes.
>> Santé mentale : comment faire face ? de Samuel Dock. Éditions de la Martinière.
- Le plus tribu
Grâce aux évolutions sociales et juridiques, les familles queers représentent désormais une modalité établie. Mais alors que le plus gros des combats semblait derrière nous, le renouveau réactionnaire entache aujourd'hui le chemin parcouru. Quelle est, en 2025, la réalité de ces familles qui s'écartent de la norme cishétéro pour inventer leur propre modèle ? Grâce à une trentaine de témoignages, la sociologue québécoise Marianne Chbat dresse un état des lieux sensible et nuancé de ces vécus, entre joie, doutes et vulnérabilités.
>> Familles queers – Récits et célébrations, de Marianne Chbat, en collaboration avec Mona Greenbaum. Éditions du Remue-Ménage.
- Le plus universitaire
"Qui a peur du genre ?" s'interrogeait Judith Butler l'année dernière dans un livre éponyme. Et, de fait, les études de genre sont sous le feu des critiques depuis plusieurs années. Alors que ses détracteurs hurlent au "wokisme", le sociologue Éric Fassin livre un vade mecum bienvenu sur un champ de recherche initié dans les années 1970 et depuis lors en perpétuel mouvement. En 128 pages caractéristiques de la collection Que sais-je ?, il montre à quel point les questions de genre sont structurantes dans nos sociétés et explore les différents thèmes qu'elles éclairent : rapports de pouvoir, violences sexuelles et sexistes, LGBTphobies, racisme et intersectionnalité ou encore écriture inclusive.
>> Les Études de genre, de Éric Fassin. Éditions PUF.
- Le plus poche
Parler des études de genre, ce n'est pas exactement parler du genre en tant que tel. Plus pratique et plus ancré dans l'actualité que le livre d'Éric Fassin, Le Petit Guide du genre offre un panorama complet du thème à travers ses enjeux sociaux – psychiatrisation des minorités, violences et harcèlement sexistes et sexuels, homophobie et transphobie, les poches de résistance face au renouveau du conservatisme – féminismes et luttes LGBTQI+. Il donne aussi des moyens concrets et quotidiens pour lutter contre la masculinité toxique ou débinariser le genre.
>> Le Petit Guide du genre – Comment et pourquoi le genre nous impacte toustes, de Johanna Dagorn et Arnaud Alessandrin. Éditions First.
- Le plus situé
Les hommes trans sont-ils du côté de la domination masculine ? Quelle est leur place dans le féminisme ? En tirant le fil de ces questions parfois polémiques au sein même de la commu, Alistair Houdayer, homme trans, gay et handi, livre une réflexion nuancée et pertinente qui permet d'aborder, en filigrane, nos conceptions des masculinités marginalisées. Alors que nous devrions avant tout faire front contre le patriarcat et l'hétéronorme, cet essai stimulant au titre provocateur est à lire comme une volonté d'apaisement et d'unification.
>> Les hommes trans sont-ils des salauds comme les autres ? de Alistair Houdayer. Éditions Double Ponctuation.
- Le plus 12 points
La dernière édition du Concours de l'Eurovision vous a donné envie de réviser vos classiques ? Entre kitsch et paillettes, esthétique camp et coup de cœur musicaux, le livre de Jean-Marc Richard (commentateur emblématique pour la Radio Télévision Suisse durant 34 ans), Nicolas Tanner (cocommentateur) et Mary Clapasson (dans les coulisses depuis plus de vingt ans) retrace l'histoire de ce rendez-vous annuel incontournable, de ces coups d'éclat à ses polémiques.
>> Eurovision Song Contest – de 1956 à nos jours, de Jean-Marc Richard, Nicolas Tanner et Mary Clapasson. Édition Favre.
- Le plus littéraire
Faut-il réécrire les classiques pour les adapter aux sensibilités contemporaines ? C'est la question que pose l'historienne Laure Murat dans son nouvel essai. Alors qu'elle vient de quitter son poste de professeure de littérature à l'Université de Californie à la suite de l'élection de Donald Trump, elle poursuit sa réflexion sur la "cancel culture" et invite à prendre du recul par rapport à ce qui nous semble souvent relever du bon sens. Soyons woke mais soyons-le avec intelligence, nous dit-elle en somme dans ce court texte salutaire.
>> Toutes les époques sont dégueulasses, de Laure Murat. Éditions Verdier.
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