9 spectacles qui rendent la rentrée théâtre plus queer

Retardé à cause du coronavirus, le spectacle Qui a tué mon père mis en scène par le grand nom du théâtre allemand Thomas Ostermeier (que la France aime beaucoup) et interprété par l’auteur Édouard Louis a enfin vu le jour début septembre à Paris. Et c’est une réussite, tant le duo est arrivé, à l’image du roman sorti en 2018, à faire se côtoyer l’intime le plus intime (Édouard Louis, aujourd’hui écrivain gay reconnu, raconte son enfance difficile face à « l’obsession de la virilité » de son père alors que lui adorait regarder Titanic en boucle et faire du play-back sur la chanson Barbie Girl du groupe Aqua) et des réflexions politiques puissantes sur le corps de ce père broyé par le travail mais également par les politiques libérales de ces dernières années. Le tout émaillé par pas mal de tubes de la culture queer, ce qui n’est pas pour nous déplaire !

Au Théâtre des Abbesses (Paris) jusqu’au 26 septembre

Depuis deux ans, la pièce du comédien et auteur Benoît Solès mise en scène par Tristan Petitgirard attire les foules et remporte des prix – quatre Molières en 2019, dont celui du meilleur spectacle dans le théâtre privé. C’est que la vie du mathématicien et pionnier de l’informatique Alan Turing (1912 – 1954) a de quoi passionner. C’est d’ailleurs plus cette vie difficile, et notamment son homosexualité largement condamnée à l’époque (il subira une castration chimique), qui se retrouve au centre du récit, plus que sa carrière – même si son rôle capital pendant la Seconde Guerre mondiale lorsqu’il craqua le code d’une machine de chiffrement allemande est largement développé. Cette Machine de Turing se jouant encore cette saison à Paris et dans toute la France (il y a plusieurs distributions), on en discutera donc plus longuement avec Benoît Solès dans une interview à paraître bientôt. Patience !

Au Théâtre Michel (Paris) jusqu’au 30 décembre
Tournée dans toute la France cette saison (calendrier consultable ici)

« On est d’accord qu’Adèle Haenel doit être déclarée reine du Gouinistan à vie ? » Depuis quelque temps (et notamment le succès du film Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma), l’actrice Adèle Haenel est l’objet d’un véritable culte de la part de la communauté lesbienne – voire LGBT+ dans son ensemble. Sa présence dans la prochaine création de Gisèle Vienne, l’une des metteuses en scène françaises les plus passionnantes (si vous n’avez toujours pas vu son spectacle Crowd, foncez, il tourne encore cette saison), suffit à ce que cet Étang se retrouve dans cette sélection. Bon, et aussi parce qu’Adèle Haenel est excellente sur scène. Et que ce projet, adaptation d’un court texte de jeunesse de l’écrivain suisse Robert Walser sur un enfant qui, se sentant mal aimé, simule un suicide, est particulièrement enthousiasmant. Comme tout ce que fait Gisèle Vienne. Oui, on est fans.

Création au Théâtre National de Bretagne (Rennes) du 10 au 21 novembre
À Nanterre-Amandiers du 2 au 19 décembre
Tournée en France ensuite (calendrier consultable ici)

« Guerre et Paix : contrepèterie douteuse. » C’est cette phrase, trouvée sur la porte de son appartement par sa fille de 10 ans, qui va chambouler la vie du cinéaste et auteur Christophe Honoré – à qui, visiblement, certains dénient le droit d’être père et gay. Cinq mots violents qui furent le point de départ d’un autoportrait fictionné paru en 2017 ; roman que Thomas Quillardet va adapter sur scène en octobre – la photo est issue des répétitions à la Comédie de Reims. Dans une scénographie quadrifrontale propice à l’intimité, le metteur en scène déroule ce récit qu’il voit centré sur le doute. « Comment agir quand la société nous renvoie que nous sommes douteux ? » écrit-il en note d’intention. Toujours d’actualité malheureusement.

Création à la Comédie de Reims du 3 au 14 octobre
Tournée dans la région parisienne avec Festival d’Automne jusqu’au 19 janvier (calendrier consultable ici) avec notamment une série de représentation au Monfort (Paris) du 18 au 28 novembre
Au Théâtre de la cité (Toulouse) du 26 au 29 janvier

Voilà un spectacle qui se joue partout depuis ses débuts en 2008 à Buenos Aires. Dans un vestiaire, deux hommes (Alfonso Barón et Luciano Rosso) se toisent, se jaugent, s’affrontent voire se confrontent dans un curieux ballet entre théâtre et danse. C’est drôle, captivant, et surtout queer à souhait, la virilité et ses codes réducteurs s’en prenant plein la gueule grâce à ce combat de coqs (le titre se traduit par « un coq rouge « ) sans paroles de tout juste une heure. Une pièce qui pue le sexe sans en montrer en somme !

Au Théâtre du Rond-Point (Paris) du 8 décembre au 3 janvier
Grande tournée dans toute la France jusqu’en avril 2021 (calendrier consultable ici)

Nous vous en avons déjà parlé, mais on en remet tout de même une couche tant le dernier spectacle du metteur en scène et auteur à succès Alexis Michalik, sorte de sitcom théâtrale sur la séparation d’un couple lesbien alors que l’une des deux mères porte un enfant, est une aventure tout public d’une grande générosité et surtout non avare en sentiments – est-ce bien grave de chouiner au théâtre ? La série de représentation débutée en janvier à La Scala (Paris) avait été stoppée par le confinement : bonne nouvelle, tout reprend en cette rentrée théâtrale, et pour deux mois.

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À La Scala (Paris) jusqu’au 15 novembre
Tournée nationale de septembre 2021 à mai 2022

On en parlait longuement en janvier dernier : créé dans le off de l’édition 2019 du Festival d’Avignon, le spectacle Hen du metteur en scène Johanny Bert est un bijou queer dans lequel une marionnette « non définie qui passe son temps à jouer avec le public comme si elle demandait constamment : qui voyez-vous, là ? » se fait maîtresse de cabaret underground. Sur scène, Hen (c’est le nom de cette marionnette, et également un pronom non genré en Suède) interpelle le public, disserte toute seule, et chante, surtout, à travers la voix de l’un de ses deux manipulateurs (Johanny Bert lui-même), accompagnée de musiciens présents au plateau. En résulte une proposition ovniesque qui fait un bien fou – et qui va pas mal tourner en France cette saison au vu du succès rencontré.

Au Montfort (Paris) du 7 au 16 janvier

En tournée en France de novembre à juin (calendrier consultable ici)

C’est une pièce qui tourne depuis plus de quatre ans, et qui bénéficie toujours d’un joli bouche-à-oreille. On la doit au metteur en scène Mathieu Touzé, aujourd’hui directeur du Théâtre 14 à Paris, qui a porté au plateau le roman de Philippe Besson sorti en 2003. Soit l’histoire d’un involontaire triangle amoureux : un homme récemment décédé menait une double vie avec sa compagne légitime d’un côté et un jeune prostitué de l’autre. En découle trois monologues qui s’entremêlent pour faire éclater la vérité sur la mort de Luca. 

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Au Théâtre 14 du 1er au 10 décembre

Mort en mai dernier à l’âge de 84 ans, Larry Kramer est une figure incontournable de l’histoire des LGBT+, lui qui fut un grand activiste (il fonda Act Up à New York en 1987) comme nous l’écrivions ici. Mais il avait également une activité artistique soutenue, notamment de dramaturge. C’est sa pièce chorale The Normal Heart, très autobiographique, que Virginie de Clausade mettra en scène en décembre à Paris. Un texte fort sur le début des années sida et l’inaction des pouvoirs publics que l’on découvrira enfin en France 35 ans après sa parution. « Un uppercut théâtral, une œuvre universelle sur l’engagement face à une Peste, comme l’écriait Larry Kramer, qui s’abat arbitrairement sur une communauté » (extrait de la note d’intention). On a hâte de découvrir le résultat.

Au Théâtre du Rond-Point (Paris) du 1er au 26 décembre