Tinder"Aydes" et "Herpez" sur Tinder pour une publicité australienne

Par Julie Baret le 05/04/2016
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En Australie, une marque de préservatifs a nourri la controverse en lançant une campagne publicitaire sur Tinder, sous forme de profils d’infections sexuellement transmissibles.

Le 4 avril, la compagnie australienne de préservatif Hero a diffusé une nouvelle campagne publicitaire. Celle-ci prend la forme de faux profils Tinder personnifiant des infections sexuellement transmissibles ou IST. "Chadmydia", "Herpez", "Johnorrhoea" et les autres se présentent ainsi dans une courte biographie propre à l’application de rencontre, indiquant les symptômes de chaque infection.
Par exemple, sous la photo de Sydphilis il est écrit :

Mon rencard idéal commencerait par une plaie inhabituelle. Je ferais ensuite pimenter les choses avec des éruptions cutanées et des plaies dans la bouche, le vagin et les fesses. Assez romantique ?

D’après le PDG de la compagnie basée en Australie, David Wommemsdorff, le but de cette série publicitaire est de promouvoir une sexualité sans risque :

Notre effort pour atteindre les jeunes et déstigmatiser l’usage du préservatif, c’est d’encourager les jeunes sur le fait qu’être préparé est sexy.

Sauf que c’est précisément la stigmatisation, mais des personnes atteinte d’infections sexuellement transmissibles cette fois-ci, qui a été reproché à la campagne publicitaire. Notamment deux faux profils – supprimé depuis – voulant représenter la maladie du sida (ou AIDS en anglais) : celui d'Aydes déclarant "swipe à droite uniquement si tu aime : les virus incurables qui détruisent ton système immunitaire", et celui d’Aidy, qui se présente comme "quelqu’un qui aime s’amuser. Toc-toc ! Qui est là ? Le sida" suivi d'un smiley riant aux larmes.
Australie préservatifs IST

Un message qui "contribue à la stigmatisation autour des IST"

Pour The Institute of Many, une association venant en aide aux personnes séropositives, cette publicité contient des erreurs factuelles concernant les infections. Mais surtout, elle livre un message discriminatoire car elle sous-tend qu’il faut éviter les personnes infectées, au lieu d'informer sur les méthodes de prévention de ces infections. En outre, d'après l'institut, "elle contribue à la stigmatisation autour des IST, ce qui mène précisément les gens à ne pas se faire dépister ou traiter".
La levée de boucliers contre cette publicité s'est également répandue sur les réseaux sociaux, poussant la compagnie Hero à se justifier :

L’objectif de cette campagne était d’amener les gens à parler et à penser au sexe sans danger, et nous apprécions que vous ayez rejoint la discussion. (…) Notre intention n’était pas d’isoler ou de stigmatiser quiconque vivant avec une IST (...).
D’après les experts de santé, le taux de certaines IST (comme le VIH et la gonorrhée) sont en hausse en Australie, et dans de nombreux cas, chez les jeunes. Cette campagne a été conçue pour entrer directement en contact avec les jeunes et les sensibiliser au fait que beaucoup de gens ne savent même pas qu’ils ont une IST.
Les préservatifs aident à se protéger contre les IST et il est important pour nous de continuer à encourager tous ceux qui sont sexuellement actif à se protéger eux-mêmes et leurs partenaires des risques de santé.

Pas sûr que cela suffise à essouffler la polémique.