Soutenues par le réalisateur Ken Loach, les associations poursuivent leur lutte contre la censure obstinée du maire d’Argenteuil, et projetteront demain et en plein air le film 3000 Nuits.
« Argenteuillais, Argenteuillaises, vous pourrez voir le film 3000 Nuits sur le parvis de la Basilique au centre-ville, en présence d’invités surprises, jeudi 2 juin à 20h. Entrée libre ! » clament en cœur l’Association Argenteuil Solidarité Palestine (ASP) et l’Association pour la défense du Cinéma Indépendant, des Films d’Auteurs et des Salles d’Art et Essai (ADCI), avant de scander fièrement « CONTRE LA CENSURE, ARGENTEUIL DEBOUT ». Debout contre la décision du maire d'Argenteuil, Georges Mothron, de déprogrammer à nouveaux les films 3000 Nuits et La Sociologue et l’Ourson déjà censurés en avril et finalement reconduits à l’issue d’une réunion tenue le 17 mai.
Quand George Mothron justifie la censure
Ne prenant pas même la peine d’en informer directement les associations, Georges Mothron était revenu sur son engagement dès le lendemain, en annonçant la seconde déprogrammation des films sur son blog. Le 23 mai, il a finalement adressé une lettre à l’ASP et à l’ADCI, dans laquelle il confirme la déprogrammation des films, sur la base que « promesses d’apaisement n’avaient pas été respectées » et que les deux associations n’avaient pas respecté leur « parole » :
Ken Loach : primé à Cannes et engagé dans la lutte
Une bataille d’égo qui semble même avoir résonné outre-Manche, puisque le réalisateur britannique Ken Loach qui vient de recevoir la Palme d’or pour son film Moi, Daniel Blake, s’est lui-même élevé contre cet acte de censure. Présent à la séance d’ouverture du Festival Ciné Palestine à l’Institut du Monde Arabe à Paris, laquelle accueillait la projection de 3000 Nuits, celui-ci a adressé une lettre de soutien aux associations :
J’ai vu 3000 Nuits lundi [23 mai 2016]. C’est un film puissant et important qui raconte une histoire que nous devrions tous écouter. Interdire ce film est parfaitement odieux. C’est un déni de la liberté d’expression. Le maire d’Argenteuil couvre de honte sa fonction et la ville qu’il représente.
Le Syndicat des Cinémas d’Art, de Répertoire et d’Essai (SCARE) s’est également joint au combat, condamnant les décisions injustifiées du maire dans un communiqué de presse :
Il s’agit purement et simplement d’un acte de censure autocratique qui porte gravement atteinte à la liberté de création et d’expression, dans un mépris total des habitants et spectateurs d’Argenteuil et du travail des équipes du cinéma ainsi que des associations
Surtout, le SCARE dénonce « le mépris et l’inconséquence dont fait preuve la Mairie dans les suites données à l’affaire », soulignant que « les décision arbitraires et contradictoires » du maire n’ont fait qu’alimenter le battage médiatique.
L'affaire portée devant la Justice
Fidèle à leur volonté de défendre la liberté d’expression et de débat à Argenteuil, l’ADCI et l’ASP projetteront donc les deux films, malgré la censure du maire. Grâce à l’autorisation de la sous-préfecture, 3000 Nuits sera projeté sur le parvis de la Basilique le 2 juin, soit à la date initialement prévue dans le cadre du Festival Ciné Palestine. Quant à La Sociologue et l’Ourson, les associations ne cèderont pas et entendent bien projeter le film en septembre.
Comme elles l’avaient annoncé, les deux associations ont également lancée une action en justice contre Georges Mothron. Un référé-suspension sera ainsi déposé auprès du tribunal administratif afin de suspendre la décision exécutoire de la mairie d’Argenteuil.
Couper l’électricité de la médiathèque ne sera cette fois-ci d’aucune aide à Georges Mothron…
La lettre ouverte de Ken Loach contre la censure :
Pour en savoir plus :
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En couverture : Omar Slaouti de l'Association Argenteuil Solidarité Palestine (ASP).