Entre vandalisme et convocation au commissariat, la dernière campagne d'Aides subit à nouveau les attaques des milieux conservateurs.
Décidément, ces derniers mois, les campagnes de prévention contre le VIH/sida ont du mal à passer. En novembre 2016, les affiches de prévention à destination de la communauté homosexuelle de Santé Publique France (ex-INPES) - un organisme public rattaché au ministère de la Santé - s'attiraient les foudres de la Manif pour tous, laquelle jugeait les affiches choquantes et brandissait la sacro-sainte "protection de l'enfance" comme argument principal dans sa volonté de censure. Des maires Les Républicains avaient même été jusqu'à prendre des arrêtés pour les faire interdire.
Quelques jours plus tard, Aides dévoilait sa nouvelle campagne, intitulée Révélation. Réalisée par l'agence de communication mondialement connue TBWA/Paris, elle se composait de 4 affiches représentant des couples (3 hétérosexuels et 1 homosexuel) enlacés et sur lesquelles on peut lire "Les séropositifs sous traitement ont beaucoup de choses à nous transmettre. Mais pas le virus du sida". Aides souhaitait ainsi lutter contre les discriminations dont sont encore victimes les personnes séropositives. Cependant, les affiches ne seront jamais diffusées dans l'espace public (métro, matériel urbain...) suite à la censure partielle de l'ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité) qui juge qu'elles sont "de nature à heurter la sensibilité des jeunes publics".
Vandalisme et plainte pour pornographie
Aides prend acte de la décision et se résout à n'afficher les visuels que dans ses locaux répartis sur le territoire, notamment en vitrine. C'est la cas à Laval, où la situation a pris une nouvelle tournure. En effet, les locaux de l'association ont été vandalisés et une plainte a été déposée pour "diffusion d'un message violent ou pornographique". Gaël Gourmelen, responsable de région Pays de la Loire à Aides, nous explique :
Une voisine a téléphoné à l'association pour se plaindre de la campagne, choquante pour son enfant de 9 ans. Elle est passée à l'antenne locale de l'association où on lui a expliqué le but de cette campagne. Mais cela n'a pas suffi. Un collectif s'est créé et a porté plainte contre l'association. Le procureur a décidé d'ouvrir une enquête. De fait, deux salariés de l'association ont été convoqués au commissariat pour être entendus sur l'affaire. Entre temps, la vitrine de notre local de Laval a été taguée puis enduite de peinture. Nous avons déposé plainte.
Le procureur de Laval a demandé à ce que les affiches soient retirées. Mais Aides n'entend pas céder à la censure. "On ne les enlèvera pas", nous affirme Gaël Gourmelen. Et d'ajouter : "Au niveau national, le Conseil d'administration est très clair. Ça pourrait aller loin". D'ailleurs, l'association attend toujours de savoir si des suites judiciaires seront données à cette affaire.
Gaël Gourmelen s'inquiète de ce "puritanisme" ambiant, notamment dans la région Pays de la Loire. "C'est le maire d'Angers qui avait fait interdire les affiches de Santé Publique France". Et de déplorer que "les locaux de Nantes aient également été vandalisés. Ils ont explosé la vitrine à coups de pierre juste à l'endroit où se trouvait l'affiche représentant le couple homosexuel..."