GrindrPour lui pourrir la vie, un harceleur envoie 700 plans Grindr chez sa victime

Par Julie Baret le 07/02/2017
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Un harceleur a envoyé plus de 700 plans Grindr chez un New-Yorkais à l'aide de plusieurs faux profils. La victime dit vivre un cauchemar et poursuit l'application...

Matthew Herrick a 32 ans. C'est un New Yorkais musclé, aspirant comédien, et qui pose de temps en temps devant l'objectif des photographes. Sans trop de surprise, il rencontre beaucoup de succès sur les applications de rencontres. Un peu trop. Depuis plusieurs mois, le jeune homme est victime d'un harcèlement bien échafaudé.

"Je vis un enfer"

Tout a débuté au mois d'octobre dernier. Alors que Matthew n'a pas allumé Grindr depuis une semaine, un homme sonne chez lui à West Harlem pour un "quicky". Pour preuve, l'inconnu sort son téléphone : sur l'appli, un compte au nom et à l’effigie de Matthew l'a invité à monter. Matthew Herrick nie et congédie l'inconnu mais le même jour, trois autres prétendants se présentent devant sa porte; ils redoublent en nombre dès les jours suivants. Alors que Matthew Herrick a signalé le faux profil à l'application de rencontres, de nouveaux apparaissent et une douzaine d'hommes vient chaque jour lui rendre visite pour une rapide partie de sexe, sans compter les "dicks pics" reçues sur son mobile à cause des informations fournies par les faux profils.
Mais la machinerie ne s'arrête pas là et prend une tournure bien plus dangereuse. Car aux photos semi-nues de Matthew prises sur Instagram et postées sur Grindr s'ajoutent bientôt les demandes de “plans chems” ou de sexe non protégé. Un jour, six hommes se présentent devant la porte de Matthew Herrick pour se livrer à une orgie. Un autre soir, un prétendant refuse de quitter l'immeuble et finit par se battre avec le colocataire de Matthew. L'auteur des faux profils dirige également ces dates vers le restaurant où travaille Matthew. Il va jusqu'à prétendre que celui-ci “dit non quand il veut dire oui”, encourageant les rencards à insister lorsque le véritable Matthew les repousse.

Je vis un enfer, raconte Matthew Herrick à Wired. On m'a volé ma vie, on m'a retiré toute vie privée. C'est une humiliation quotidienne.

L'inaction de Grindr en procès

Après avoir reçu plus de 700 sollicitations, le jeune citadin a décidé de porter plainte au civil contre Grindr qui, malgré une cinquantaine de signalements, n'a pas agit contre les faux profils et s'est contenté de réponses automatiques. Même lorsqu'un juge a signé une ordonnance d'injonction forçant Grindr à stopper les profils impliqués, l'application est restée inerte. La police n'a pas non plus été d'une plus grande aide puisqu'elle aurait juste conseillé à Matthew de déménager...
Les chefs d'accusation portés devant la Cour suprême de New York sont la négligence, l'infliction volontaire de détresse émotionnelle, la fausse publicité et des pratiques commerciales trompeuses. A l'inverse, l'application Scruff - sur laquelle le harceleur a également agit - a immédiatement bloqué les faux profils dans la journée et empêcher l'adresse IP incriminée d'en créer de nouveau. Selon l'avocat de Matthew Herrick cité par Wired, la culpabilité de Grindr ne fait pas de doute :

Un utilisateur malveillant est tout simplement en train d'utiliser son produit comme une arme. Grindr peut contrôler ça mais il ne le fait pas.

La piste de l'ex jaloux

D'après Matthew Herrick, c'est son ancien petit-ami qui serait à l'origine des faux profils, brouillant les paramètres géo-localisation pour apparaître chez Matthew ou sur son lieu de travail. L'ex connaissait en effet son nom, son adresse et son numéro de téléphone, et aurait commencé son petit jeu avant leur rupture. Contacté par la presse, ce dernier nie toutefois les accusations. Grindr, le mastodonte des rencontres entre hommes, ne s'est pas encore prononcé sur cette affaire.
 
Couverture : crédit photo Matthew Herrick/Facebook