En Indonésie, deux hommes sont accusés de relations homosexuelles. Ils risquent 100 coups de bâton en public en vertu de la loi islamique (charia).
Mardi 28 mars, un groupe d'individus a fait irruption dans une maison dans la province d'Aceh en Indonésie. Ils ont accusé les deux hommes qui s'y trouvaient de relations homosexuelles et les ont livré à la police. Lors de l'interpellation, une vidéo a été tournée à l'aide d'un portable. On y découvrait les deux garçons - âgés de 18 et 19 ans - paniqués et appelant leur famille pour demander de l'aide.
Puis, ils ont été conduits au commissariat islamique de Wilayatul Hisbah à Banda Aceh, la capitale provinciale. Sur place, le commissaire de police principal a indiqué que les accusés avaient reconnus être homosexuels et qu'ils seraient détenus jusqu'à ce qu'ils soient condamnés. En raison d'un statut particulier, la province d'Aceh est la seule d'Indonésie à avoir introduit dans sa législation des décrets inspirés par la charia, laquelle criminalise - entre autres - la consommation d'alcool, les jeux d'argent, les relations extraconjugales. En outre, le nouveau code pénal de la province d'Aceh, introduit en 2014, interdit les relations homosexuelles, que ce soit la "sodomie" ou les "actes lesbiens". La police islamique, mais également de simples citoyens, sont autorisés à dénoncer et retenir toute personne soupçonnée de contrevenir à la charia.
Un châtiment assimilable à de la torture
Au regard des accusations qui leurs sont reprochées, les deux jeunes hommes risquent 100 coups de bâton en public, une première depuis l'introduction du nouveau code pénal, selon ABC. Un châtiment corporel qui va à l'encontre des lois internationales ratifiées par l'Indonésie, notamment celles relatives à la torture, à la non-discrimination et à la non-persécution des minorités sexuelles ainsi que le droit à la vie privée.
Human Righ Watch (HRW), l'une des principales associations mondiales de défense des droits de l'homme, a demandé à ce que les deux hommes soient immédiatement relâchés :
L'arrestation et la détention de ces deux hommes soulignent les abus contenus dans les décrets discriminatoires et anti-LGBT d'Aceh. L'intimité de ces deux hommes a été violée d'une manière effrayante et humiliante. Maintenant, ils risquent d'être torturés publiquement en raison de leur orientation sexuelle supposée.
La loi indonésienne permet au ministère de l'Intérieur d'abroger des lois prises à l'échelon local, et de nombreuses voix s'élèvent dans le pays et à l'international pour demander au président Joko Widodo d'intervenir pour mettre un terme aux discriminations dont sont victimes les personnes LGBT dans le pays. Dans une interview donnée à la BBC, ce dernier avait appelé la police à agir contre les groupes religieux qui cherchent à nuire aux personnes LGBT. HRW déplore que cet effet d'annonce n'a toujours pas été suivi d'actions concrètes.
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