réfugiésTrump veut financer la détention d'enfants migrants avec des fonds de lutte contre le VIH

Par Louise Guibert le 12/07/2018
VIH

Afin de faire face aux milliers de détentions supplémentaires d'enfants migrants prévues avant la fin de l'année aux Etats-Unis, l'administration de Donald Trump s'apprêterait à piocher dans les fonds d'aides aux personnes touchées par le VIH. Un pas de plus dans sa politique inhumaine envers les personnes LGBT+ et les étrangers.

La politique anti-LGBT+ mise en place par Donald Trump serait sur le point de passer à la vitesse supérieure. Selon des documents internes obtenus par Slate, Donal Trump réfléchirait à utiliser des fonds dédiés à la lutte contre le VIH et le sida pour financer les milliers de lits dont auront besoin les enfants migrants détenus par l'administration aux frontières mexicaines.
En effet, selon l'Office de réinstallation des réfugiés (ORR), la politique frontalière de Trump réclamera 25 400 lits supplémentaires pour les mineurs. Un chiffre colossal quand on sait que 11 800 enfants sont actuellement placés sous la garde de l'ORR dans 17 Etats différents. 3 000 d'entre-eux ont été séparés de leurs parents suite à la politique de « tolérance zéro » lancée début mai.
C'est dans les fonds du  programme « Ryan White HIV/AIDS » que Donald Trump entend se servir. Mis en place en 1990, il vise à  fournir un système de soins médicaux et des services de soutien essentiels pour les personnes vivant avec le VIH . « Ce programme est l'un des premiers organismes de santé publique de notre pays, et il est impensable que cette administration détourne des fonds du traitement du VIH pour financer ses attaques cruelles contre les enfants et leurs familles à la frontière », déclare à PinkNews David Stacy, directeur des affaires gouvernementales pour Human Rights Campaign.
Dans sa lutte contre les personnes LGBT+, Donald Trump dispose d'un soutient indéfectible : celui de Mike Pence, sont colistier. Le vice-président s'était déjà engagé à baisser les financements du programme pour les injecter dans une thérapie dite « de cure homosexuelle » parrainée par l'État. En 2000, il écrivait que « le Congrès devrait soutenir la réautorisation du programme Ryan White seulement après la tenue d'un audit visant à s'assurer que les fonds fédéraux ne seront plus donnés aux organismes encourageant les comportements facilitant la propagation du VIH ».

« Donald Trump et Mike Pence épuisent le financement pour la lutte contre le VIH et le sida pour payer des centres de détentions pour enfants. Cela fait des années que Pence entend drainer ces programmes et se focaliser sur des thérapies dite 'de cure homosexuelle'. C'est terrifiant », a commenté le co-fondateur du média américain « The Hill Reporter ».

La lutte contre le VIH n'intéresse pas Trump

Il faut dire que Donald Trump n'a jamais montré un grand enthousiasme à lutter contre le VIH et le sida. En juin 2017, soit cinq mois après son entrée à la Maison-Blanche, six experts chargés de le conseiller sur ces questions, ont démissionné du PACHA, le Conseil consultatif présidentiel sur les questions liées au VIH et au sida. En cause, le manque d'intérêt total du président américain. Ulysses Burley, l'un des démissionnaires, expliquait à « Society » avoir rapidement réalisé que « Donald Trump ne s’intéressait absolument pas au VIH et à ses dangers ».
En effet, le 4 mai précédent son départ du Conseil, le Parti républicain votait le texte  d’abrogation et de remplacement de l’emblématique Obamacare, assurance santé ayant permis de couvrir une vingtaine de millions d'Américains non-assurés auparavant. Ces dix dernières années, Ulysses Burley explique avoir « constaté une baisse de l'infection, rendue possible grâce à la mise en place de Medicare (Obamacare, ndlr) ». Sous l'ère Donald Trump, the Office of national AIDS policy (le Bureau de politique nationale de lutte contre le sida) a été purement et simplement supprimé des bureaux de la Maison-Blanche. Pourtant, plus d'un million de personnes vivent avec le VIH dans le pays. 

« Cette décision de réaffecter les fonds du programme Ryan White arrive juste après la proposition de Trump de faire une coupe de plus de 800 millions dans le budget 2018 alloué aux programmes de lutte contre le VIH aux Etats-Unis et à l'étranger », pointe Zach Stafford, rédacteur en chef du site queer américain Into. Dans un autre tweet, il qualifie cette nouvelle mesure de « totalement méprisable ». Nous aussi.
 
Crédit photo : Creative Commons/Gage Skidmore.