Une étude scientifique, dont les résultats ont été rendus publics ce jeudi 26 juillet à la conférence VIH/sida d'Amsterdam, pointe du doigt les chaînes de transmissions de l'hépatite C (VHC) chez les hommes gays porteurs du VIH, mais aussi ceux sous PrEP.
Les chiffre sont éloquents. Le nombre de nouveaux cas d'infections au virus de l'hépatite C (VHC) a été multiplié par 2,5 chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) porteurs du VIH en France entre 2012 et 2016, selon une étude de l'association Aides publiée en 2018. Et c'est pire si l'on regarde au niveau européen. Une enquête du réseau Cascade fait état d'une multiplication a minima par 10 des nouveaux cas d'infection au VHC pour le même public entre 1990 et 2007 en Europe.
Une étude de l'Agence nationale de recherche contre le sida (ANRS), dont les résultats ont été révélés ce jeudi à la Conférence VIH/sida d'Amsterdam, s'est intéressée aux chaînes de transmissions du virus de l'hépatite C (VHC) chez les HSH.
Selon l'Institut de veille sanitaire (InVS), quelque 400.000 personnes ont au total été infectées par le VHC en France en 2014, dont 230.000 touchées par des formes chroniques. Parmi celles-ci, 75.000 ignoraient qu'elles avaient été infectées, contre plus de 100.000 en 2004. L'hépatite C (inflammation du foie) est le plus souvent asymptomatique.
Renforcer la prévention et le dépistage
68 hommes vivant en Ile-de-France et présentant une hépatite C aiguë ont été interrogés entre juillet 2012 et septembre 2016 pour cette étude. Parmi eux, 50 étaient co-infectés par le VIH et sur les 18 restants, non infectés par le VIH donc, 13 d'entre eux faisaient partie de l'essai ANRS Ipergay, qui visait à mesurer sur un panel de nombreux volontaires l'efficacité de la PrEP, ou prophylaxie pré-exposition, une méthode très efficace de prévention du risque d’infection par le VIH.
Selon le Dr Eve Todesco, une des autrices de l'étude interrogée par TÊTU, les personnes vivant avec le VIH et sous traitement peuvent relâcher leurs habitudes et prendre plus de risques. Mais ça ne suffit pas à expliquer cette hausse des infections : « Différents facteurs sont évoqués, notamment des IST concomitantes qui peuvent faciliter les transmissions ».
Et d'ajouter : « Il est important de renforcer la prévention et le dépistage de l'hépatite C chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, et notamment chez les personnes prenant la PrEP ».
La PrEP, 100% efficace
Pour rappel, les utilisateurs de la PrEP sont dépistés pour les IST tous les trois mois dans le cadre de leur traitement. Une autre étude de l'ANRS, rendue publique mardi, démontrait l'efficacité de ce traitement dans la lutte contre le VIH. Sur les 1435 ‘prepeurs’ – le surnom que les utilisateurs de la PrEP se sont donnés – ayant participé, il n’a été observé aucun cas d’infection par le VIH.
Le virus de l'hépatite C est le plus souvent transmis par le sang infecté – soit par des aiguilles souillées utilisées pour injecter des drogues légales ou illégales, soit par transfusion de sang non testé, ou encore par voie sexuelle (mais ce mode de transmission est rare). S'il n'y a pas de vaccin contre le virus, il existe des traitements curatifs très efficaces.
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