gayPourquoi trop peu d'hommes gays ou bis sont vaccinés contre le papillomavirus ?

Par Youen Tanguy le 30/11/2018
papillomavirus

Trop peu d'hommes gays ou bis sont vaccinés contre le papillomavirus alors même qu'il existe une recommandation sur le sujet depuis 2016. Pourquoi ? C'est ce que cherche à comprendre Benoit Petit, étudiant en médecine à Grenoble, que TÊTU a interviewé.

Benoit Petit est interne en médecine générale à Grenoble. Et pour son sujet de thèse, ce jeune homme de 29 ans s'intéresse à la perception de la vaccination contre le papillomavirus chez les hommes gays et bis. Un vaccin recommandé pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) depuis 2016, et pourtant, très peu d'hommes bis et gays ont franchi le pas.

Pour en comprendre les raisons, Benoit a réalisé un questionnaire "évaluant la perception de la vaccination anti-papillomavirus chez les (HSH)". Ce questionnaire, diffusé en ligne, peut-être complété de manière anonyme en 5 minutes. Interview avec son créateur.

Benoit, interne en médecine, s'intéresse à la vaccination contre le papillomavirus chez les hommes gays et bis

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On a souvent tendance à imaginer que le papillomavirus ne concerne que les femmes. C'est donc faux ?

Totalement faux ! Les papillomavirus représentent l'infection sexuellement transmissible d'origine virale la plus fréquente dans le monde : la majorité des hommes et des femmes les contracteront au moins une fois au cours de leur vie. En cas d'infection persistante, ils peuvent provoquer des verrues anogénitales, mais également des cancers (col de l'utérus chez la femme, cancer de l'anus et des muqueuses chez les hommes et les femmes). Et cela est accru chez les HSH, avec un risque de développer un cancer de l'anus 20 fois supérieur à celui des hétérosexuels.

En France, le vaccin est-il recommandé aux hommes ?

En France, le vaccin est recommandé pour toutes les filles entre 11 et 14 ans, mais pas pour les garçons. Il l'est cependant pour les hommes de moins de 26 ans ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes. Pour autant, il semble qu'ils ne soient que très peu à être vaccinés. On cherche à comprendre pourquoi.

Un "manque d'informations de la part des médecins".

Est-ce que vous avez déjà des éléments de réponse ?

Pour le moment, 2.100 hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ont répondu au moins partiellement au questionnaire avec 1.700 réponses complètes environ. Les premiers résultats montrent que la recommandation de vaccination anti-papillomavirus est connue par 40% des HSH. On voit très clairement que les HSH n'identifient pas la vaccination comme étant un problème, puisque 80 à 90%  y sont favorables et la jugent même utile. Pourtant, le taux de vaccination reste très faible, à 7%.

Comment expliquer ce faible taux de vaccination ?

Probablement par manque d'informations de la part des médecins. L'enquête montre que seuls 15% des HSH en ont été informés par un praticien. De fait, c’est un sujet qui n’est pas du tout enseigné dans les facultés de médecine. Moi-même, je n'étais pas au courant de la recommandation de vaccination pour les HSH et des maladies liées à ce virus alors que je suis homosexuel. Alors vous imaginez que pour les autres, c’est encore pire. Il y a un énorme enjeu de médiatisation sur le sujet.

Si vous souhaitez répondre à l'enquête de Benoit Petit et que vous êtes un homme ayant des relations sexuelles avec des hommes de façon occasionnelle ou exclusive, vous pouvez le faire sur ce site.

Crédit photo : Flickr.