LGBTphobieL'élu RN Julien Odoul visé par des insultes homophobes

Par Timothée de Rauglaudre le 09/12/2019
julien odoul

Le conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté a reçu menaces et insultes homophobes dans un bar dans l'Yonne. Julien Odoul a porté plainte et a notamment reçu le soutien de Marlène Schiappa.

Jeudi 5 décembre au soir, dans un bar du centre-ville de Sens (Yonne). L'élu du Rassemblement national (RN) Julien Odoul, conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, boit quelques verres avec une amie. L'un des cogérants du bar s'absente quelques instants, comme il le raconte à L'Yonne républicaine. Un autre client en profite pour s'approcher de l'homme politique d'extrême droite et le prendre à partie : "Salut petit fils de pute, salut homosexuel !" Voyant qu'Odoul l'ignore, l'individu le relance : "Je te jure, sur la vie de ma mère. Viens à Sens, je te baise ta mère la pute !"

Le lendemain soir, Julien Odoul a partagé la vidéo sur Twitter, prise par le client qui l'a insulté. En effet, un peu plus tôt, le rappeur Booba l'avait lui-même partagée sur son compte Instagram aux 4,5 millions d'abonnés, l'agrémentant d'un commentaire laissant deviner sa délectation. La star du rap et Odoul ont un passif : ils s'étaient déjà mutuellement invectivés sur les réseaux sociaux. L'élu a annoncé, dans la foulée, avoir déposé plainte. Le fameux client du bar n'est pas tout à fait un inconnu. Ridowane Khalil, gérant d'une boucherie, est aussi le président du Racing Club de Sens, en grande difficulté financière.

Ancien "cover boy" de TÊTU

Mannequin pendant ses études, Julien Odoul est passé par le PS, Nouveau Centre et l'UDI avant de rejoindre l'ex-FN renommé depuis RN. Quelques années avant son passage à l'extrême droite, il pose torse nu pour la couverture de deux magazines gays : TÊTU en 2006, puis le titre allemand Gab en 2009. Depuis l'exhumation de ces unes, il avait peu fait parler de lui jusqu'en octobre dernier. À l'Hôtel de Région de Bourgogne-Franche-Comté, il avait alors alors déclenché une vaste polémique en demandant à la présidente du conseil régional de faire retirer son "voile islamique" à une mère accompagnant une sortie scolaire présente dans l'hémicycle. Il avait lui-même posté la vidéo de la scène sur son compte Twitter, alimentant des accusations d'avoir voulu faire le buzz.

La secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes et à la Luttes contre les discriminations a très vite réagi en partageant le tweet de Julien Odoul et en commentant : "Une fois encore, homophobie et menaces doivent être dénoncées peu importe la personne ciblée. Si l'on excuse aujourd'hui l'homophobie sous prétexte que la victime est RN, demain l'homophobie sera excusée pour tout le monde. Non ! Débattons des idées, pas des personnes." Sous son tweet, plusieurs internautes lui reprochent de dénoncer une agression homophobe en relayant un message "raciste". Référence au tweet de Julien Odoul qui qualifie son agresseur de "pitoyable caricature du "vivre-ensemble" apaisé et pacifique".

Récupération politique

La présidente du RN Marine Le Pen a ensuite apporté son soutien au conseiller régional dans un tweet : "La bien-pensance considère-t-elle que les menaces contre la famille, l’homophobie, les menaces de mort sont admissibles quand elles concernent un adversaire politique ? Sinon chacun devrait se scandaliser de cette pression sur un élu de la République !" Ce message a pourtant été posté après celui de Marlène Schiappa qui condamnait clairement l'agression homophobe.

LIRE AUSSI >> Quels programmes en faveurs des LGBT+ aux élections européennes ?

Une semaine plutôt, le jeudi 28 novembre, Julien Odoul avait officialisé sa candidature à la mairie de Sens pour les élections municipales de janvier 2020. Dans le tweet où il indique avoir porté plainte, il n'hésite pas à le rappeler : "Les 15 et 22 mars, les électeurs de #Sens pourront lui répondre dans les urnes. #ChangezDeSens". Sur Twitter, des internautes en ont profité pour rappeler le très mauvais bilan du RN en termes de lutte contre l'homophobie, en déterrant par exemple le selfie de Marine Le Pen en 2017 avec un député russe homophobe, à l'origine de la loi sanctionnant la prétendue "propagande homosexuelle".

LIRE AUSSI >> Les dernières News dans l'actualité LGBTQI+

Crédit photo : Instagram / Booba