[PREMIUM] Le Premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, a été réélu à la tête du pays jeudi 12 décembre, pour mettre en oeuvre le Brexit. Malgré plusieurs prises de positions pro-LGBT, cet homme politique n'a pas toujours été friendly, et laisse aujourd'hui la communauté LGBT dans l'incertitude...
Les militants LGBT+ du Royaume-Uni sont inquiets. Le Premier ministre Boris Johnson, qui avait pris ses fonctions mercredi 24 juillet dernier, a été réélu à la tête du pays pour mettre en oeuvre la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne. Une première source d'anxiété pour les militants et la communauté LGBT britannique, puisqu'en quittant l'UE, le Royaume-Uni se retirera aussi de la Charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne, un texte qui protège les droits des citoyens européens.
Pourtant, a son arrivée au 10 Downing Street, Boris Johnson avait décrit fièrement un état "admiré et aimé" à travers le monde pour son combat pour "l'égalité" ce qui pourrait laisser entendre qu'il compte continuer les combats menés par ses prédécesseurs. Le hic, c'est que personne ne sait réellement ce que pense le nouveau "Prime Minister" à force d'allers-retours sur la question des droits LGBT+.
D'homophobe notoire...
Celui qui a été maire de Londres de 2008 à 2016 n'a en effet eu de cesse de souffler le chaud et le froid sur les questions LGBT+. Selon le Guardian, en 2002 Boris Johnson a comparé le mariage à la polygamie et à la zoophilie dans son livre, "Friends, Voters, Countrymen".
"Si le mariage gay était OK, je ne verrais aucune raison de s'opposer a une union entre trois hommes, tout comme pour deux hommes, voire même trois hommes et un chien."
Quatre ans plus tôt, celui qui était alors journaliste, décrit les hommes gays comme des "passifs en débardeur" dans les colonnes du Telegraph. Des propos que n'ont pas manqué de rappeler le couple de femmes violemment agressé dans un bus à Londres le 7 juin dernier. "Je ne pense pas que Boris Johnson soit fait pour diriger quoi que ce soit, et encore moins le Royaume-Uni", dit l'une. Avant de poursuivre : "Il n'est pas le seul a accéder au pouvoir avec ces idées et son idéologie."
SSI : Un couple de lesbiennes tabassé à Londres après avoir refusé de s’embrasser
"I do not think that Boris Johnson is fit to lead anything, much less the United Kingdom."
The lesbian couple who were recently subjected to suspected homophobic attack on a bus in London have criticised Boris Johnson for his previous homophobic remarks. pic.twitter.com/eS1nRrlest
— Channel 4 News (@Channel4News) June 14, 2019
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...au virage social-libéral
En 2001, Boris Johnson est élu au parlement britannique et siège avec ses collègues du parti conservateur. Sauf que le jeune député va prendre un virage à 180 degrés et devient socialement très libéral. Et, surprise générale, il va même à l'encontre des directives de son propre parti pour soutenir certaines lois essentielles pour les droits des LGBT+ tout en étant absent sur une poignée d'autres lois.
En 2003, il a par exemple voté en faveur de l'abrogation de la section 28 qui interdisait la "promotion" de l'homosexualité dans les écoles. En 2004, il a voté pour l'instauration de partenariats civils pour les couples de personnes de même sexe. Le nombre de députés du parti conservateur à soutenir ces réformes se comptait à ce moment là sur les doigts d'une main.
Selon nos confrères de PinkNews, le député a expliqué son choix. "Je ne veux pas que le gouvernement dise aux écoles quoi faire. Voilà pourquoi j'ai voté contre mon propre parti et pour l'abolissement de la Section 28."
Pro mariage pour tou.te.s
Au moment des débats sur le mariage pour tou.te.s au parlement, Boris Johnson quitte la chambre et ses collègues pour devenir maire de Londres. Il se rend à la Pride de Londres en 2010 et donne dans la foulée une interview à PinkNews dans laquelle il entre en totale contradiction avec ses propos tenus quelques années plus tôt. "Si les conservateurs et les libéraux pouvaient se mettre ensemble et former une coalition tout en ajustant leurs différences, je ne vois pas pourquoi on n'obtiendrait pas le mariage pour tou.te.s."
En 2012 il urge le gouvernement à faire passer la loi, arguant qu'on ne peut pas refuser le mariage à certains citoyens quand on l'autorise à d'autres.
Pour autant, il ne se rendra à aucune pride entre 2011 et 2015. Son mandat de maire s'est terminé en 2016.
Dr Jekyll et Mr Hyde
Il devient secrétaire d'État aux Affaires étrangères en 2016, et intègre le gouvernement de Theresa May au grand dam de certains. Il décide de lever l'interdiction pour les ambassades et consulats de pavoiser aux couleurs arc-en-ciel le 17 mai, journée mondiale de lutte contre l'homophobie, la biphobie et la transphobie et lors des célébrations de Marches des Fiertés.
Mais dans le même temps il promulgue une loi dans le territoire britannique d'outre-mer des Bermudes interdisant le mariage entre personnes de même sexe. Pourtant, la loi sera rendue caduque par la justice, qui a estimé qu'elle violait les droits fondamentaux.
Boris Johnson, le docteur Jekyll et Mister Hyde de la lutte pour les droits des LGBT+ ? Lors de sa candidature pour le poste de chef du parti conservateur et premier ministre, le nouveau Premier ministre a pourtant adressé un communiqué au groupe LGBT+ du parti, et réaffirmé sa détermination à lutter contre les discriminations. "Si je suis suffisamment chanceux pour être élu, je vous assure que mon administration ne considèrera pas cette problématique comme un travail déjà accompli."
Sauf qu'entre la lutte pour le droit des personnes transgenres et intersexes, la lutte contre les LGBTphobies sur internet, l'interdiction des thérapies de conversion... le premier Ministre fraîchement élu a du pain sur la planche.
Crédit photo : LEON NEAL / AFP.