Il y a plus d'un an, le gouvernement promettait la mise en place de référents LGBT dans tous les commissariats et gendarmeries de France. BFMTV.com a mené l'enquête : la promesse n'est pas complètement tenue et les missions de ces agents restent floues.
Le dernier rapport de SOS homophobie le montre bien : les signalements pour agressions physiques à motivation LGBTphobe sont en constante hausse. Dans son rapport portant sur l'année 2018, l'association faisait état d'une augmentation de 66 % par rapport à l'année précédente. Pourtant, les victimes rechignent toujours à porter plainte. En 2017, une étude de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales montrait par exemple que seules 4 % des personnes visées par des injures homophobes portaient plainte ou déposaient une main courante. C'est pour répondre à cette situation que le gouvernement, interpellé par des associations LGBT+, a décidé il y a plus d'un an de mettre en place des référents LGBT auprès des forces de l'ordre.
Où en est cet engagement aujourd'hui ? Pour dresser un bilan provisoire, BFMTV.com a enquêté. Le 30 octobre 2018, le ministère de l'Intérieur Christophe Castaner et la secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes et à la Lutte contre les discriminations Marlène Schiappa promettaient conjointement de mettre en place des référents LGBT dans tous les commissariats et brigades de gendarmerie de France, censés être formés spécifiquement à l'accueil des victimes de LGBTphobies.
Missions floues
Contacté par le site d'information, le SICoP, le service de presse de la police nationale, a indiqué que, sur les 663 commissariats que compte la France, il y avait à l'heure actuelle 638 référents LGBT, dont 508 à la direction générale de la police nationale (DGPN) et 130 au sein de la préfecture de police de Paris. Soit 70 commissariats sans référent LGBT. "Si les chiffres semblent montrer que la mesure est plutôt bien appliquée, un an après sa mise en place, les choses ne sont pas si simples", écrit le journaliste Clément Boutin.
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Il n'y a par exemple pas de référent LGBT à Lille ni à Lyon, deux métropoles. En outre, certains référents... ne sont même pas informés qu'ils le sont ! Mais surtout, ces référents n'ont pas toujours pour prérogative d'accueillir les victimes, contrairement à ce qu'avait annoncé le gouvernement. "Ces missions, qui semblent avoir évolué au fil des mois, sont toujours très floues pour les associations LGBT", regrette auprès de BFMTV.com Jeremy Faledam, coprésident de SOS homophobie. Le SICoP précise d'ailleurs au site d'information : "L’idée n’est pas d’être formé. Un référent LGBT n’est pas formé à la problématique LGBT."
Crédit photo : Frédéric Bisson / Flickr