LGBTphobieUn Guinéen homosexuel renvoyé dans son pays d'origine, où il a été persécuté

Par Timothée de Rauglaudre le 31/01/2020
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Guinéen persécuté en raison de son orientation sexuelle, Sanoussy N'Diaye a été renvoyé mardi dans son pays d'origine malgré la mobilisation des associations.

Sanoussy N'Diaye était détenu au centre de rétention administrative (CRA) de Nîmes depuis novembre dernier. Mardi 28 janvier, ce demandeur d'asile guinéen a été renvoyé vers son pays d'origine, comme l'indiquait le jour même Midi libre. Lors d'un rassemblement de soutien à la préfecture de Nîmes, le militant du réseau éducation sans frontières (RESF) Yves Carrel a dénoncé "un empressement acharné alors qu'il n'avait pas épuisé tous ses recours et qu'un appel était encore possible". Il devait passer devant le juge des libertés le lendemain.

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"Aujourd'hui il est en danger de mort, mais le préfet n'en a cure, c'est loin, c'est un étranger, c'est un homosexuel, la roue tourne, la vie ne vaut rien pour certains", dénonçait aussi mardi l'Association pour la promotion des travailleurs immigrants (APTI). Des membres des associations SOS homophobie et Aides étaient également présents au rassemblement aux côtés de RESF.

"L'orientation sexuelle est systématiquement questionnée"

"Il y a encore plus de restrictions au droit d'asile pour les personnes LGBT, a estimé Élodie Attia de l'association Aides, interrogée par Midi libre. Cela touche à l'intime et en plus l'orientation sexuelle est systématiquement questionnée, remise en doute." D'après RESF, Sanoussy N'Diaye, arrivé en France en 2014, avait en effet été persécuté et torturé en Guinée. Là-bas, l'homosexualité est punie d'une peine pouvant aller jusqu'à trois ans de prison.

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En juillet 2019, Moussa Camara, également guinéen et homosexuel, avait obtenu l'asile en France un an et demi après sa première demande. Âgé de 19 ans, il avait raconté aux autorités françaises que son compagnon avait été lynché à mort par sa famille en Guinée. Après de longs mois de procédure et de mobilisation d'Aides et de l'Ardhis (Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et transgenres à l’immigration et au séjour), il avait finalement obtenu gain de cause auprès de la cour nationale du droit d’asile (CNDA). Sanoussy N'Diaye n'aura pas cette "chance".

 

Crédit photo : Daniel Villafruela / Wikimedia Commons