AidesMoussa Camara, Guinéen homosexuel, obtient l’asile en France

Par Youen Tanguy le 04/07/2019
moussa

Le Guinéen homosexuel Moussa Camara, qui avait passé deux mois en prison l'année dernière, a finalement obtenu l'asile en France.

"Nous sommes tous et toutes soulagé-es de cette annonce." Le président de Aides, Aurélien Beaucamp s'est réjoui mardi 2 juin dans un communiqué de presse de la décision de la cour nationale du droit d'asile (CNDA). Un an et demi après sa première demande, la juridiction a en effet décidé d'accorder l'asile à Moussa Camara, Guinéen homosexuel.

Le jeune homme de 29 ans était arrivé en France en 2015 avec une autorisation temporaire de travail et sa demande d'asile avait été rejetée une première fois en 2017. Accompagné de l'association Aides, qui le soutient, il avait fait appel de la décision devant la CNDA, sans succès.

Moussa affirme que son compagnon a été lynché à mort par sa famille en Guinée, qu'il a quittée pour fuir les persécutions contre les homosexuels. Dans ce pays d'Afrique, l'homosexualité est passible d'une peine allant jusqu'à trois ans de prison.

Deux mois de prison ferme

Le 22 mars 2018, il avait arrêté et placé en centre de rétention administrative (CRA) en vue de son expulsion vers son pays natal. Le 3 mai 2018, Moussa avait finalement refusé d'embarquer à l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry pour Conakry et avait été condamné à deux mois de prison ferme.

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Une fois libre, il avait fait une nouvelle demande d'asile auprès de l'Ofpra en juillet 2018, là encore rejetée. "Cette décision a suscité une incompréhension collective, compte tenu de la solidité des éléments apportés à son dossier : témoignages des membres de sa famille, de ses amis.e.s en France, articles parus dans la presse faisant état de son homosexualité et montrant le danger qui pesait sur lui en cas de retour dans son pays d’origine", s'insurge Aides dans son communiqué de presse.

"Nous regrettons qu’il ait fallu tant se battre"

"L’entretien était très long, très détaillé et très fourni, nous avait expliqué en septembre dernier le désormais ex-directeur général de l'Ofpra Pascal Brice à propos de cette deuxième demande. La seule chose que je puisse vous garantir, c’est que l’Ofpra s’est donné, comme elle le doit à tout demandeur d’asile en l’occurence, les moyens d’une instruction extrêmement minutieuse et très bienveillante".

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Finalement, c'est la CNDA qui a décidé d'accorder l'asile à Moussa Camara. "Mais nous regrettons qu’il ait fallu tant se battre, se mobiliser, résister, multiplier les procédures pour faire valoir ce qui aurait dû être de droit", a réagi le président de Aides Aurélien Beaucamp.

Emotion sur les réseaux sociaux

Le cas de Moussa avait suscité beaucoup d'émotion sur les réseaux sociaux et parmi la classe politique française. "Son compagnon a déjà été assassiné en raison de son homosexualité. Son expulsion serait un scandale", avait affirmé le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure.

"Il est temps que le gouvernement fasse preuve de l’humanité qu’il évoque si souvent. Messieurs Macron et Collomb, mettez fin à cette procédure"avait de son côté lancé part Emmanuelle Cosse, ancienne ministre du Logement et ex-présidente de l’association Act-Up.

"Aides et l’Ardhis (Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et transgenres à l'immigration et au séjour) poursuivront leur combat pour la reconnaissance du droit d’asile pour toutes les personnes étrangères persécutées, en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre", conclut le communiqué de presse de Aides.

Le nombre de nouveaux demandeurs d'asile LGBT+ pris en charge par l'Ardhis a quasi-triplé en trois ans, passant de 289 en 2015 à près de 800 en 2017.

Crédit photo : Aides.