Lors d'un meeting électoral, le président polonais Andrzej Duda s'en est pris à "l'idéologie LGBT", dressant un parallèle avec le régime communiste qu'a connu le pays pendant des décennies.
C'est une campagne qui s'annonce déjà inquiétante pour les Polonais LGBT+. Samedi 13 juin, le président de la République de Pologne Andrzej Duda, anciennement membre du parti chrétien ultraconservateur au pouvoir Droit et justice (PiS), s'en est pris lors d'un meeting électoral à "l'idéologie LGBT", qui serait selon lui du "néo-bolchévisme". Le terme est fort pour un pays qui a été pendant plus de trente-cinq ans sous domination de l'Union soviétique, qu'avait vigoureusement combattu en son temps le pape Jean-Paul II, né Karol Wojtyła dans la région de Cracovie.
À LIRE AUSSI : La carte des collectivités françaises jumelées à des « zones sans LGBT » en Pologne
Cette attaque se produit alors que Duda brigue un deuxième mandat lors du scrutin présidentiel qui doit avoir lieu dimanche 28 juin et pour lequel il est donné favori. "Pendant toute l'époque communiste on imposait aux enfants l'idéologie communiste, a-t-il développé lors d'un rassemblement à Brzeg, dans le sud-ouest du pays, retransmis à la télévision. C'était du bolchévisme. Aujourd'hui on tente de leur inculquer une nouvelle idéologie, c'est une sorte de néo-bolchévisme. On essaie de nous faire croire qu'il s'agit de gens alors que c'est simplement une idéologie".
L'ex-Premier ministre belge s'insurge
Plus tôt dans la semaine, mercredi 10 juin, le président de la République avait signé une "Charte pour la famille", s'engageant à soutenir la famille polonaise traditionnelle mais aussi à "protéger les enfants contre l'idéologie LGBT" et empêcher sa propagation "dans les institutions publiques". La terminologie rappelle irrémédiablement les dizaines de collectivités territoriales polonaises qui ont adopté depuis début 2019 des résolutions instaurant des "zones sans LGBT", qui autorisent notamment la discrimination LGBTphobes pour "motif religieux", dans les commerces par exemple.
Les propos inacceptables du Président polonais à lâégard de la communauté LGBTQI sont dâune violence inouïe. En plus dâêtre ouvertement homophobe, il soutient les manÅuvres du PiS visant à détruire lâEtat de droit. Ãtre en campagne et vouloir ratisser large nâest pas une excuse.
— Elio Di Rupo (@eliodirupo) June 14, 2020
Ce contenu n'est pas visible à cause du paramétrage de vos cookies.
À VOIR AUSSI : Cette campagne de Durex avec un couple gay en Pologne va faire parler d’elle
Déjà, en octobre dernier, les questions LGBT+ avaient déjà constitué un thème majeur de la campagne des élections législatives, remportées par le PiS, dans un contexte d'homophobie grimpante dans ce pays à dominante catholique. Dimanche 14 juin, l'ancien Premier ministre de Belgique de centre gauche Elio Di Rupo, actuellement ministre-président du gouvernement wallon, a condamné les propos d'Andrzej Duda dans un tweet : "Les propos inacceptables du Président polonais à l’égard de la communauté LGBTQI sont d’une violence inouïe. En plus d’être ouvertement homophobe, il soutient les manœuvres du PiS visant à détruire l’Etat de droit. Être en campagne et vouloir ratisser large n’est pas une excuse." Et d'inviter la Commission européenne à prendre des mesures.
Crédit photo : Kancelaria Sejmu/Rafał Zambrzycki/Wikimedia Commons