Le jour de la fête de l'indépendance, des milliers de militants d'extrême droite se sont réunis en Pologne dans une manifestation pourtant interdite. Un appartement qui affichait son soutien aux personnes LGBT+ avec un drapeau arc-en-ciel a été la cible de fusées pyrotechnique et a pris feu.
La tension continue de monter d'un cran en Pologne. À Varsovie, plusieurs milliers de partisans d'extrême droite ont défilé, mercredi 11 novembre. Ce jour de fête nationale de l'indépendance a été célébré en dépit de l'interdiction des autorités municipales en raison de l'épidémie de Covid-19. La manifestation a dégénéré alors que le cortège est passé devant le balcon d'un appartement, auquel était accroché un drapeau arc-en-ciel et une banderole féministe.
Sur une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, on peut voir des militants jeter plusieurs fusées d'artifices en visant l'appartement. Elles ont atterries deux étages plus bas et provoqué un incendie dans l'immeuble. Si les pompiers ont pu maîtriser les flammes, d'importants dégâts sont à déplorer, selon le quotidien polonais Rzeczpospolita.
Hier de video. Poolse nationalisten vielen vandaag in Warschau met vuuwerk een huis aan waar een regenboogvlag hangt. De aanval leidde tot brand in het complex. https://t.co/05vsxbnCfh pic.twitter.com/g30S9dBKwc
— Kris (@krisoosting) November 11, 2020
"Dieu, honneur, patrie"
"Dieu, honneur, patrie !", ont scandé les participants, dont une grande partie ne portaient pas de masques, selon l'AFP. La police a elle-même été attaquée par "des groupes de hooligans". "Des mesures coercitives sont prises pour rétablir la loi et l'ordre" ont réagi les forces de l'ordre sur Twitter. 35 officiers de police auraient été blessés et trois sont encore à l'hôpital, selon Rzeczpospolita. Les manifestants responsables de l'incendie sont recherchés par la police.
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Ce jeudi, les organisateurs de la marche s'en sont pris à la police pour expliquer l'escalade des tensions. Le président de l'association de la marche pour l'indépendance a demandé la démission du chef de la police varsovite. Pendant la marche, un groupe aurait attaqué des policiers avec des fusées, des pétards, des bouteilles et des pavés. En réponse, la police aurait fait notamment usage de gaz lacrymogène et de leurs armes. Un photojournaliste de 74 ans aurait été blessé au visage.
Le maire de Varsovie, Rafał Trzaskowski (plateforme civique, libéral) a demandé "Où est le vice-premier ministre en charge de la sécurité ? C'est lui qui a la pleine responsabilité des événements dans les rues de Varsovie. C'est lui qui est directement responsable de la supervision des services", écrit-il sur Facebook.
Interdiction de 98% des avortements
Le 22 octobre, la justice a rendu un arrêt mettant le feu aux poudres d'une société plus que jamais divisée. Cet arrêt interdit aux femmes de pratiquer un IVG lors de malformations du fœtus, alors que c'est la raison évoquée dans 98% des avortements légaux. Depuis, des milliers de manifestant·e·s féministes et LGBT+ battent le pavé pour défendre ce droit fondamental.
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L'homophobie est encouragée par le gouvernement mené par le parti Droit et Justice. En Pologne, quelque 100 communes se sont déclarées "sans LGBT". Alors que les institutions européennes ont condamnées ces positions hostiles, l'exécutif les entretient au nom de la prétendue "tradition".
Crédit photo : Capture d'écran Twitter / @krisoosting