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témoignagesAude et Solveig traversent la France à vélo en mémoire de leur fils, mort à 18 mois d'une leucémie

Par Nicolas Scheffer le 08/03/2021
Maël

Deux mamans ont décidé de faire le tour de la France à vélo. Elle veulent remercier ceux qui les ont soutenues pendant la maladie de leur fils Maël, décédé en novembre d'une leucémie.

Maël adorait être sur le porte-bagage du vélo de ses deux mamans, Aude et Solveig. Il était curieux de la nature et des animaux. À l'automne, les deux femmes ont appris que leur fils était atteint d'une leucémie rare. Un mois plus tard, il est décédé, laissant ses mamans dévastées.

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"Quand on a appris que notre fils était malade, nos familles ont mis en place une cagnotte pour nous permettre d'arrêter de travailler pour être aux côtés de Maël", raconte Aude au téléphone. Pour s'en sortir, Maël doit recevoir une greffe de moelle épinière. Quand elles voient le soutient qu'elles reçoivent de leurs amis et amis d'amis, Aude et Solveig forment un projet : elles iront avec Maël remercier individuellement chaque personne lors d'un tour de France à vélo. Il faut dire que les deux femmes, qui se sont mariées en 2019, sont très sportives.

6.000 kilomètres, 69 jours de pédalage

Mais Maël n'a pas survécu, il est décédé en novembre 2020, à l'âge de 18 mois. "Lorsque Maël nous a quitté, les soutiens ont continué à affluer et se sont même amplifiés. Nous nous sommes dit que nous allions continuer ce projet pour parler de lui. Ce voyage est en quelque sorte thérapeutique pour surmonter cette épreuve", poursuit Aude. C'est ainsi que les deux mères se lancent après deux mois d'entraînement dans un tour de France de quelque 6.000 kilomètres, 69 jours de pédalage et 88 jours de voyage. "De nous lancer dans un projet, de l'organiser, de préparer notre corps, ça nous a permis de ne pas sombrer", dit cette femme originaire de Caen.

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De nombreuses coéquipières de l'équipe de rugby féminin, L'Ovalie caennaise, où elles se sont rencontrées ont fait le départ avec elles, le 24 février dernier. Depuis, les deux épouses n'ont (miraculeusement) pas eu de pépin mécanique. Simplement, un peu malades, dimanche dernier, elles ont dû retarder leur départ de quelques heures. "On n'a pas triché, on n'a pas dévié de notre trajet", souffle cette maman qui a fait 80 kilomètres avant de nous répondre au téléphone. "Nous sommes parties dans l'aprem, on a fait le maximum de kilomètres possible et quelqu'un est venu nous chercher à l'approche du couvre-feu. Le lendemain, nous sommes reparties du point où nous nous étions arrêtées. Et nous avons rattrapé notre retard."

Certaines personnes nous ont proposé de nous héberger

Dans leurs sacoches, elles ont apporté avec elle des albums photo de Maël, né d'une PMA en Belgique. Elles voulaient montrer aux personnes qui ne l'ont pas connus à quel point c'était un garçon vif, sociable, et souriant. "Nous ne nous attendions pas à recevoir autant de messages positifs, se souvient Aude. De plus en plus de personnes se sont abonnés à la page Facebook que nous avons créé (En selle avec Maël). Certaines personnes nous ont proposées de nous héberger, d'autres, de faire quelques kilomètres avec nous, notamment le père d'un garçon qui était à l'hôpital avec Maël."

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Le périple de Aude et de Solveig doit durer un peu moins de trois mois. "Nous aimerions rentrer pour le 22 mai et faire une petite cérémonie avec les personnes qui n'ont pas pu être à l'inhumation de Maël à cause des contraintes sanitaires" raconte la maman en deuil. "Parfois, le poids du chagrin est plus lourd que le poids des sacoches. Dans ces moment-là, rien ne sert de forcer, nous nous arrêtons et laissons couler la tristesse. Parfois les larmes coulent aussi quand on pédale. L’avantage du vélo, c’est qu’elles sèchent plus vite !" 

 

Crédit photo : DR