Quatre associations regrettent un manque de transparence de Twitter concernant la modération du contenu. Une médiation était prévue et a abouti à un échec. Les assos demandent la désignation d'un expert.
C'est un échec. En octobre dernier, quatre associations demandaient la nomination d'un expert judiciaire pour obliger Twitter à mieux modérer le contenu hébergé sur sa plateforme. La justice a demandé une médiation entre la plateforme et les assos. Mais elle a abouti sur un désaccord. SOS homophobie, SOS racisme, l'ONG J'accuse ainsi que l'Union des étudiants juifs de France retournent donc devant les tribunaux.
"Nous avons mis fin à cette médiation - qui avait été proposée en octobre dernier par la justice - parce que nous n’avons pas obtenu de réponses à nos questions. Nous retournons donc devant le juge pour réclamer des informations concernant les moyens mis en œuvre pour la modération sur Twitter", a annoncé à 20 Minutes la présidente de l'UEJF, Noémie Madar.
"Aucune perspective d'amélioration"
Les associations ont regretté, dans un communiqué, que cette médiation "n’offrait aucune perspective concrète d’amélioration à court ou moyen terme". "On reste sur la même position que celle que nous avions initialement. Pour nous, Twitter ne démontre aucune volonté réelle de lutter contre la haine sur sa plateforme (racisme, antisémitisme, homophobie). Nous souhaitons que le réseau social se soumette à la loi française", ajoute Noémie Madar dans le quotidien gratuit.
Les associations ont donc décidé de retourner devant le juge des référés pour demander de nouveau la nomination d'un expert qui puisse rendre compte des moyens engagés pour modérer le contenu. L'audience est prévue le 26 mai prochain.
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Depuis le début de la pandémie de Covid-19, la haine en ligne explose. Les quatre associations ont constaté une augmentation de 43% des contenus haineux sur Twitter pendant le premier confinement. Les contenus LGBTphobes sont eux en augmentation de 48%. Après avoir signalé 1.110 tweets haineux sans équivoque, les associations ont constaté que seulement 12% des messages ont été supprimés en moins de cinq jours.
"Des obligations de moyens et de transparence"
Alors que Facebook assure détecter 95% des contenus haineux avant qu'ils ne soient publiés, Twitter n'a jamais voulu faire la transparence sur sa modération. Pour y faire face, la loi Avia était censée obliger les plateformes à modérer le contenu qu'elles hébergent dans un délais de 24 heures. Mais la mesure a été censurée par le Conseil constitutionnel. Depuis l'assassinat de Samuel Paty, le gouvernement a proposé un amendement à la loi sur les principes républicains visant à imposer aux réseaux sociaux "des obligations de moyens et de transparence" concernant la modération. Il sera examiné en première lecture au Sénat le 30 mars prochain.