Au cours d'une discrète rencontre avec des étudiants de Sciences Po, le ministre de la Santé a assuré que la PMA pour toutes serait possible en France dès cet été. Olivier Véran annonce donc des bébés avant la fin du quinquennat.
"Pensez-vous, objectivement, que le projet de la PMA pour toutes annoncé par Emmanuel Macron dès le lancement de sa campagne sera porté à bout d’ici la fin de son mandat ? En tant que ministre, est-ce encore une de vos priorités ?". Alors qu'ils recevaient ce lundi 3 mai le ministre de la Santé pour un "Grand oral", les étudiants de Sciences Po lui ont rappelé l'Arlésienne de ce quinquennat (et du précédent). En réponse, Olivier Véran a de nouveau assuré que le projet de loi bioéthique serait voté ce printemps et que les premiers parcours de PMA pour toutes en France devraient avoir lieu dès cet été. Soit… neuf mois avant la fin du quinquennat.
"Le premier bébé né par PMA d'un couple de femmes ou d'une femme seule naîtra avant la fin du mandat, c'est possible"
Alors que la lecture définitive du projet de loi bioéthique n'est pas encore inscrite à l'ordre du jour du calendrier parlementaire, le ministre s'avance : "Le premier bébé né par PMA d'un couple de femmes ou d'une femme seule naîtra avant la fin du mandat, c'est possible". Et de développer : "La lecture de ce texte arrive au printemps dans les deux chambres. Cela veut dire qu'on pourra promulguer la loi. Il est possible que cet été, des premiers parcours de PMA se mettent en place, qui donneraient naissance à des premiers bébés au printemps prochain".
Et Olivier Véran de souligner qu'il s'agit "d'une avancée importante dans le domaine sociétal (…) Je suis partisan d'aller au bout de ce texte, je n'ai aucune inquiétude. C'est long, mais on va y arriver".
Long, c'est peu dire. Une première fois promise par la gauche sous le quinquennat de François Hollande, puis par le candidat Macron en 2017, la PMA pour toutes a souffert d'incessants atermoiements puis, récemment, de la crise liée au coronavirus. Après plusieurs reports, l'exécutif assurait mi-avril à TÊTU que le texte serait "très probablement" voté avant l'été 2021. Mais la majorité reste incapable de s'engager sur une date précise de troisième lecture.
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Les "thérapies de conversion" "écœurantes"
Au cours de cette rencontre avec les étudiants, le ministre a également été interrogé sur un autre dossier du moment : la pénalisation des "thérapies de conversion" censée "guérir" les orientations non hétérosexuelles. La société civile se montre de plus en plus pressante pour faire interdire cette pratique assimilée par l'ONU à de la torture. "Je ne sais pas si c'est plus écœurant ou anachronique, mais sans doute un peu des deux", a déclaré le ministre, ajoutant que "plusieurs collègues" de la majorité ont "beaucoup travaillé sur ces questions-là ; est-ce que cela fera l'objet d'une proposition parlementaire, je ne sais pas encore", cite BFMTV.
Pourtant, une proposition de loi est bien à l'étude, initiée par la députée LREM de l'Allier, Laurence Vanceunebrock. Pour être adoptée, il suffit simplement que ce texte soit voté. Mais malgré plusieurs années de travail, la proposition de loi n'est toujours pas inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée. Le texte prévoit notamment de punir de deux ans de prison et 30.000 euros d'amende les "pratiques, les comportements ou les propos répétés visant à modifier ou à réprimer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, vraie ou supposée, d’une personne et ayant pour effet une altération de sa santé physique ou mentale".
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Le texte avait déjà fait du remous au sein de la majorité. Marlène Schiappa avait annoncé que la "PPL" serait intégrée au texte lié aux "séparatismes", sans prévenir les auteurs de la loi. Cette initiative est considérée au sein même de la majorité pour de la récupération et une façon de limiter la portée du texte. "On va prendre de petites parties qui intéressent la communication de Marlène Schiappa", réagissait pour TÊTU Laurence Vanceunebrock. Quelques jours plus tard, elle menaçait de quitter la majorité. Pas sûr que l'ignorance du ministre de la Santé l'incite à rester. Jointe par TÊTU, la députée ne souhaite pas faire de commentaire.
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Crédit photo : Capture d'écran Facebook / ScPo TV