Pour le 17 mai, SOS homophobie publie son rapport annuel sur les LGBTIphobies. En 2020, l'association a constaté une hausse des violences par le voisinage et la famille.
Quelles conséquences ont eu le contexte sanitaire et ses confinements sur les LGBTphobies ? En ce lundi 17 mai, journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie (Idahot 2021), SOS homophobie publie son rapport annuel 2020. Au total, 1.815 témoignages ont été récoltés, soit moins que l'année précédente (2.396). Cette baisse, l'association l'explique par les conditions spéciales qui ont généré moins de visibilité pour ses militants dans l'espace public, moins d'interventions dans le milieu scolaire, moins d'événements aussi.
"Pour nous ce n'est pas une baisse des actes LGBTphobes dans la société mais bien une conséquence de notre baisse d'activité de l'an passé", précise Lucile Jomat, présidente. A cela s'ajoute une ligne d'écoute (01.48.06.42.41) qui a dû fermer pendant les quinze premiers jours du premier confinement, puis une difficulté à contacter une association LGBTI pendant les confinements, d'autant plus pour les personnes qui ont été confinées dans un milieu LGBTphobe. Car en 2020, le rapport de SOS homophobie relève une hausse des agressions dans le milieu familial et dans le voisinage.
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Des personnes LGBTI accusées de répandre le Covid
"Je suis homophobe, je veux que vous dégagiez" ; " Mais vous êtes dégueulasses, vous êtes lesbiennes ou quoi ?" Sur les témoignages que SOS homophobie a reçus, 13% témoignent de violences du voisinage, contre 8% l'année précédente. Une nette augmentation qui s'explique par le temps bien supérieur passé chez soi mais aussi par le contexte de peur du Covid-19. Certain-es ont ainsi reçu de leurs voisins des lettres homophobes les accusant de propager le virus : "Vous faites ce que vous voulez avec vos mœurs bizarres mais vous pouvez contaminer des jeunes enfants et des personnes fragiles."
Le voisinage est ainsi le deuxième contexte – derrière Internet – où les personnes LGBTI, en particulier les hommes gays, ont le plus de risques de subir une agression physique. Ces insultes, ce harcèlement voire ces menaces sont formulées dans 83% des cas par des hommes cis, et près d'une victime sur dix est mineure. Côté prise en compte de ces violences, dans un cas sur deux, la police refuse la plainte quand il s'agit d'un cas de LGBTIphobie dans le voisinage.
L'homophobie dans la famille
"Nous observons, encore cette année, que la famille et l’entourage proche restent un lieu majeur d’insécurité pour les personnes LGBTI+", signale également le rapport. Dans les contextes familiaux problématiques, la violence vient majoritairement des parents. Dans 47% des cas, les jeunes LGBTI+ subissent des insultes et dans 78%, des rejets.
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Samy, jeune homme trans de 18 ans, a ainsi été victime de transphobie familiale. Son père n’accepte pas du tout : il parle de "délire", lui dit qu’il restera une fille et se moque de ses vêtements. Sa sœur l’insulte aussi et lui lance : " Tu es une erreur". "La fin de l’année a été également marquée par les suicides tragiques de plusieurs jeunes personnes trans dont Luna/Avril, lycéenne à Lille et Doona, étudiante à Montpellier. Des actes dramatiques qui auraient pu être évités si les parcours de transidentité n’étaient semés d’embuches et de transphobie".
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Internet, zone d'homophobie sans modération
Si pendant le premier confinement, les actes de violences en ligne ont explosé, SOS homophobie ne note pas dans son rapport de différence sur l'année par rapport à 2019. L'association a même recueilli moins de témoignages de violences en ligne.
Pour sa présidente, cette différence vient d'une lassitude généralisée qui décourage les signalements : "Les personnes qui nous contactent aujourd'hui le font parce qu'elles n'en peuvent plus de voir que les signalements à Twitter et Facebook ne fonctionnent pas."
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Pour tenter d'apporter des réponses à ces violences qui s'enracinent dans la société, SOS homophobie appelle les pouvoirs publics à engager des moyens pour mieux former les enseignants, les pouvoirs publics et les forces de l'ordre. L'asso demande aussi de mieux communiquer sur la lutte contre les discriminations.
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Crédit photo : Shingi Rice via unsplash