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régionalesMatthieu Orphelin : "Nous conditionnerons nos subventions au respect des droits LGBTQI+"

Par Nicolas Scheffer le 27/05/2021
Matthieu Orphelin

[INTERVIEW] Candidat aux élections régionales dans les Pays de la Loire, Matthieu Orphelin espère ravir la région à la droite conservatrice. L'écologiste détaille pour nous ses propositions, notamment dans la lutte contre les discriminations LGBTphobes.

Le député a claqué la porte de la majorité présidentielle. Proche de Nicolas Hulot, Matthieu Orphelin a quitté les députés marcheurs après "avoir fait tout (s)on possible", dit-il. Mais il n'a pas quitté la politique. Toujours député, le natif de Saint-Nazaire âgé de 48 ans se concentre cette année sur son fief : les Pays de la Loire, dont il brigue la présidence aux élections régionales de juin 2021.

L'ancien porte-parole de la fondation Hulot, qui avait fait en 2018 son coming out médiatique gay dans TÊTU, espère rassembler la gauche ligérienne autour de lui. Objectif : prendre la région à la droite réac et conservatrice. Il dénonce en particulier le soutien de la présidente (LR) de la région, Christelle Morançais, à La Manif pour tous. Après avoir succédé au très conservateur Bruno Retailleau, elle candidate cette année à sa réélection.

Lui président de région, l'écologiste s'engage à lutter contre les discriminations LGBTphobes. Il annonce la mise en place de plusieurs actions en ce sens. Mais Matthieu Orphelin est également dans son élément pour dénoncer l'inaction de la majorité présidentielle, dont il a fait partie. Après avoir critiqué les errement du gouvernement sur l'écologie, il ne peut que constater que le bilan LGBTQI+ n'est pas non plus folichon. Entretien.

Si vous êtes élu, vous serez le premier président de région ouvertement gay. Qu’est-ce que ça changerait pour les personnes LGBTQI+ ?

Matthieu Orphelin : Les Pays de La Loire auront d’abord un programme écologiste et solidaire très différent de la majorité de droite actuelle. Mais l’écologie, c’est aussi le combat pour l’égalité. Actuellement, dans la majorité ligérienne de droite dure, beaucoup d'élus, comme Roch Brancour (LR), manifestent encore contre la PMA pour toutes, pourtant soutenue par deux tiers des citoyennes et citoyens. Au sein de notre majorité, tous les élues et élus seront en soutien de mesures fortes pour l’égalité réelle. Plutôt que d’être dans les marches anti-PMA pour toutes, nos élues et élus seront dans celles des Fiertés !

Concrètement, qu’est-ce que vous comptez mettre en place ?

Prioritairement, nous allons relancer un programme d’actions éducatives dans les lycées et les CFA, qui a été supprimé par la droite. Il faut travailler avec le rectorat pour accompagner les équipes, financer les projets portés par les équipes pédagogiques et les élèves. La prévention ne doit pas être freinée par une logique financière. Il y a besoin de moyens, mais c’est faisable : ce ne sont pas des montants considérables.

Les associations LGBTQI+ font également de la prévention. Vous les soutiendrez financièrement ?

En début de mandat, la droite a coupé et diminué les subventions. Bruno Retailleau a baissé la subvention au festival de films LGBTQI+ de Nantes et Christelle Morançais (l’actuelle présidente LR de la région, candidate à sa réélection, ndlr) ne soutient pas Nosig, le centre LGBT+ de Nantes. Nous, nous allons soutenir ces associations dans les cinq départements, à hauteur d’au moins 100.000 euros supplémentaires par an, car elles font un travail formidable. Aujourd’hui, les associations doivent déposer chaque année une demande de subvention. Il faut leur donner de la visibilité sur trois ou quatre ans pour leur permettre de se structurer avec de vrais emplois et pour simplifier leurs démarches.

Comment comptez-vous lutter contre les LGBTphobies avec les moyens de la région ?

Globalement, nous manquons de chiffres pour les évaluer. Nous devons créer un observatoire régional pour recenser les actes LGBTphobes. Ensuite, nous conditionnerons nos subventions au respect des droits LGBTQI+, notamment dans le sport et pour les prestataires des appels d’offres de la région. Nous allons mettre en place une charte de bon accueil des touristes LGBTQI+. Pour les agents de la région, nous allons mettre en place une politique de ressources humaines exemplaire, avec un référent inclusion. Une fois aux manettes, nous allons également vérifier que l’ensemble des formulaires corresponde à toutes les familles.

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Vous avez quitté la majorité présidentielle, notamment sur des sujets écologiques. Que pensez-vous du bilan de la majorité sur les sujets LGBTQI+ ?

Que de temps perdu ! Quatre ans après son arrivée au pouvoir, la majorité dit voter la PMA pour toutes. On est mi-2021 et la nouvelle lecture est enfin programmée en juin. Je comprends que les associations soient en colère. La majorité a volontairement voulu gagner du temps sur ce sujet, il aurait fallu qu’elle soit votée bien avant. Cette attente, c’est une offense à toutes les femmes à qui on avait promis la PMA mais qui doivent encore aller à l’étranger pour y avoir accès.

Sur ces sujets, peut-il y avoir du "en même temps" ?

Evidemment que non. La lutte contre les discriminations ne se négocie pas. J’avais été particulièrement choqué que le groupe LREM ait mis autant de temps à virer Agnès Thill, qui a tenu des propos homophobes à de nombreuses reprises.

Vous comprenez que la loi sur les "thérapies de conversion" ne soit toujours pas à l’ordre du jour de l’Assemblée ?

Laurence Vanceunebrock (LREM) et Bastien Lachaud (LFI) ont fait tout le travail. Une proposition de loi est déposée. Ces "thérapies" pourraient être interdites en trois heures de débat. Mais la majorité n’a pas voulu programmer ces trois petites heures. Cela témoigne d’un manque cruel de volontarisme politique. Ce ne sont pas des sujets majeurs pour le président et le Premier ministre.

Vous pensez que ça pourrait être une mesure de la prochaine campagne présidentielle ?

Imaginez quel degré de cynisme il faudrait pour promettre ça alors que Laurence Vanceneubrock se bat depuis le début du mandat pour alerter. Il suffit de lire les témoignages de personnes victimes des “thérapies de conversion” pour mesurer l’impérieuse nécessité de les interdire de suite.

Plusieurs élus sont favorables à la GPA, quelle est votre position ?

Je trouve cela très dommageable que la loi bioéthique n’ait pas simplifié la reconnaissance administrative des enfants nés d’une GPA à l’étranger. Ces enfants, ils sont là. Concernant la GPA, c’est un sujet complexe sur lequel il faut prendre le temps de débattre de façon apaisée.

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Crédit photo : Benjamin Boccas