Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, Christiane Taubira annonce qu'elle "envisage" d'être candidate à l'élection présidentielle de 2022. Elle a déjà des atouts pour remporter la Primaire populaire.
"J'ai fait le compte de ce qui compte", déclare Christiane Taubira dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux ce vendredi 17 décembre. L'ancienne ministre de la Justice y annonce gravement "envisage[r] d'être candidate à l'élection présidentielle de la République française". Elle donne rendez-vous "mi-janvier" 2022 à ses soutiens. Un coup de tonnerre patiemment réfléchi…
Depuis mai dernier, les soutiens de Christiane Taubira s'agitent en coulisses, espérant voir l'ex-garde des Sceaux se lancer dans la course à l'Élysée. "Depuis plusieurs mois, nous sommes plusieurs à lui demander de se présenter. Nous avons peut-être même été trop loin en la harcelant un peu", explique à TÊTU un ancien député socialiste. Des sollicitations que Christiane Taubira balayait d'un revers de main : "Elle ne voulait pas ajouter de la division à la dispersion des voix de gauche", poursuit cet ami politique. "La dernière fois que je l'ai vue, en novembre, elle disait qu'elle ne voulait pas y aller malgré les supplications", confirme une autre personne qui la connaît bien.
Taubira 2022, panache rassembleur ?
Il faut dire que longtemps, Christiane Taubira a été accusée d'avoir fait échouer la gauche en 2002, en se présentant face au socialiste Lionel Jospin à l'élection présidentielle. Chat échaudé craint l'eau froide. "C'est un événement qui l'a profondément marquée", pointe un ami. Pourtant, en 2021, le nom de Christiane Taubira semble davantage un facteur de rassemblement que de dispersion.
Preuve en est, le plébiscite dont fait l'objet la candidate pas encore déclarée à la Primaire populaire, une initiative qui vise à désigner un candidat de la gauche à l'élection présidentielle en dehors des étiquettes partisanes. "Nous exhortons les candidats de gauche à se réunir derrière un socle d'idées communes pour qu'elles soient représentées dans le débat politique. Soit on se met d'accord sur ces idées et on peut gagner, soit on s'entretue et on perd tous ensemble. Ça vaut le coup, peut-être, le rassemblement ?", plaide pour TÊTU Samuel Grzybowski, porte parole de la Primaire populaire.
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Selon nos informations, Christiane Taubira s'est trouvée largement en tête de la première course aux parrainages, en octobre dernier. Avec près de 34.000 parrainages, elle devance de loin le deuxième, François Ruffin, qui lui a récolté 25.000 signatures. Jean-Luc Mélenchon a été choisi par 9.200 personnes, Anne Hidalgo par 6.300 et Yannick Jadot 6.000 personnes. Un sondage Ipsos pour France 2 indique que les sympathisants de gauche considèrent qu'elle est la personnalité la plus à même de rassembler son camp, juste devant Jean-Luc Mélenchon. Pour départager les candidats à la Primaire populaire, un vote aura lieu entre le 27 et le 30 janvier, mais pour faire partie des bulletins, il faut être officiellement déclaré à l'élection présidentielle.
Un programme commun
D'ici là, Anne Hidalgo propose à la gauche un débat télévisé. "Assumons de venir présenter nos propositions, de faire émerger les convergence mais bien sûr, aussi, de montrer les différences", a-t-elle lancé devant les journalistes ce vendredi 17 décembre. Une manière d'insister sur le manque de préparation de Christiane Taubira. "Je considère que Christiane Taubira doit avoir une parole dans la campagne, mais de là à rajouter de la confusion... Vous connaissez le projet de madame Taubira ?", souffle à TÊTU Patrick Kanner, soutien d'Anne Hidalgo, la veille de la déclaration de l'ancienne garde des Sceaux.
Dans sa presque déclaration, Christiane Taubira s'en remet à une série de valeurs partagées à gauche : "Les atermoiements de l'Union européenne", la "cohésion sociale", "le pouvoir de vivre", "la sureté et la sécurité", "les services publics", "l'éducation, la santé, les transports", "les bouleversements climatiques" et "la biodiversité", "nos capacité innovatrices", énumère-t-elle dans sa vidéo.
Si Christiane Taubira remporte la Primaire populaire, elle pourra compter sur les 18 employés de celle-ci, ses militants, ses 500.000 euros déjà récoltés, mais aussi son socle programmatique : 35 pages de propositions déjà publiées, que les candidats doivent approuver. Parmi les mesures, la fin des pesticides d'ici à 2030, une taxation écologique sur les produits agricoles importés, permettre aux jeunes de bénéficier du RSA à 18 ans, la mise en place d'une sécurité sociale alimentaire, la hausse du Smic... Mais quand on parle de ce socle, le clan d'Anne Hidalgo fait la moue. "Certains éléments ne nous conviennent pas : la question des 32 heures, la VIe République comme un objectif politique...", évacue Patrick Kanner, qui entend le renégocier. Ça promet.
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Crédit photo : Flickr / Philippe Grangeaud