Depuis sa mise en ligne le 20 janvier sur Netflix, Ashab wala Aaz, adaptation en langue arabe du film Le Jeu, est sous le feu des critiques en Égypte. C'est qu'il ose parler librement de sexe... et surtout d'homosexualité.
C'est la toute première production panarabe de Netflix. Le 20 janvier 2022, la plateforme a ajouté à son catalogue Ashab wala Aaz ("Les meilleurs amis du monde" en arabe, titre traduit en VF par : "On se connaît... ou pas"). Une première qui a priori devrait ravir dans les pays arabophones sauf qu'en Égypte, ça coince. Car le film aborde des enjeux relatifs au sexe, à l'alcool mais aussi – et surtout – à l'homosexualité, ce tabou.
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Adapté du succès italien Perfetti sconosciuti, qui avait déjà eu droit en 2018 à son remake français intitulé Le Jeu, le film réalisé par le Libanais Wissam Smayra raconte le dîner arrosé de trois couples, en l'occurrence deux Libanais et un Égyptien. Les convives lancent alors un jeu : ils doivent mettre leurs portables au milieu de la table et dévoiler chaque nouveau message ou appel à tout le groupe. Une animation évidemment risquée, et qui amène à des révélations plutôt surprenantes, dont de multiples tromperies mais aussi l'homosexualité d'un des invités.
Appel à la censure
"Le film, remarque France 24, réunit des acteurs connus du Liban et d'Égypte, les deux mastodontes de la pop culture arabe". Et pourtant, citant l'AFP, la chaîne rapporte qu'un avocat égyptien a interpellé le ministère de la Culture et le service de la censure égyptienne afin de le faire interdire au motif qu'il "vise à briser les valeurs familiales". Du même avis, le député Moustafa Bakri réclame carrément une session extraordinaire du Parlement pour se pencher sur la question, accusant le film de comporter pas moins de "20 scènes pornographiques".
Or, Ashab wala Aaz ne comprend absolument aucune scène érotique, pas même un chaste baiser hétéro. Le député pointe néanmoins du doigt le fait qu'un père y parle de sexualité avec sa fille (après avoir découvert des préservatifs dans ses affaires) et, bien entendu, le fait que le scénario normalise l'homosexualité.
Le film cartonne sur Netflix
Face à cette controverse, Netflix vient de prendre position, défendant sans concession sa production originale auprès de Variety : "Perfect Strangers [le titre en version anglaise, ndlr] est une histoire fictionnelle qui explore des thèmes universels sans prendre un parti moral, invitant plutôt le public à avoir une discussion ouverte et à débattre. Le film s'empare de sujets difficiles avec humanité et humour et est porté par un casting arabe talentueux qui est dévoué à proposer une excellente créative."
D'ailleurs, le public arabophone ne s'y trompe pas puisque "trois jours après sa sortie, Ashab wala Aaz figure en tête des dix films les plus regardés sur Netflix dans le monde arabe", toujours selon France 24 qui relève cette ironie de l'histoire : le long-métrage avait reçu en 2016 le prix du meilleur scénario au Festival du film… du Caire !
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Crédit photo : Netflix