politiqueÉlisabeth Borne dévoile ses intentions pour les LGBTQI+

Par Antoine Patinet le 04/08/2022
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En visite ce 4 août au centre LGBT d'Orléans, la Première ministre Élisabeth Borne a notamment annoncé 3 millions d'euros pour les centres LGBTQI+. Emmanuel Macron a également pris la parole sur les 40 ans de la dépénalisation de l'homosexualité.

Il aura fallu que la loi abrogeant la répression de l'homosexualité fête son quarantième anniversaire pour que le gouvernement pose la première pierre de la politique LGBTQI+ du second quinquennat d'Emmanuel Macron. Ce jeudi 4 août, la Première ministre Élisabeth Borne, en fonction depuis le 16 mai, s'est rendue à Orléans pour rencontrer les associations du centre LGBTQI+ de la capitale de la région Centre Val-de-Loire. Elle en a profité pour dévoiler les premières mesures de son gouvernement en faveur de l'égalité des droits et de la lutte contre l'homophobie, avant d'accorder une interview à têtu·.

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En cette date si particulière, la Première ministre a d'abord souhaité "célébrer les 40 ans de la dépénalisation" de l'homosexualité. Depuis le régime de Vichy jusqu'en 1982, la justice française a condamné, au nom de l’article 331 du Code pénal, des milliers d'homosexuels, entraînant leur persécution policière. Dans son numéro de cet été, têtu· a lancé une pétition pour que l'État français reconnaisse officiellement, comme l'ont déjà fait plusieurs pays, cette tache de notre histoire. Auprès de têtu·, Élisabeth Borne a promis : "Nous devons avancer dans les prochains mois pour réparer ce qui peut l’être sur la base de dispositions qui restent à définir".

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3 millions pour les associations LGBT

À Orléans, la Première ministre n'était pas venue sans propositions. D'abord, elle a affirmé que le gouvernement allait débloquer une enveloppe pour tous les centres LGBTQI+ afin de les aider à se développer, et favoriser la création de nouveaux centres dans des villes qui n'en sont pas encore dotées. Concrètement, un fonds de trois millions d'euros pour "pour créer 10 nouveaux centres et renforcer les 35 qui existent déjà". L'objectif du gouvernement est d'avoir deux centres LGBT+ minimum dans chaque région de l'hexagone, et un dans chaque région d'outre-mer. "Ces centres sont un point d'entrée pour de nombreuses personnes qui ne savent pas vers qui se tourner", a souligné la Première ministre.

Élisabeth Borne a également annoncé que la promesse d'Emmanuel Macron de créer un poste d'ambassadeur dédié à la promotion des droits LGBT+ serait tenue d'ici à la fin de l'année. "Les droits LGBT ont été remis en cause sur le sol européen, ce n'est pas acceptable", a-t-elle affirmé. Cet ambassadeur, a-t-elle encore précisé, "coordonnera l'action du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères pour la défense et la promotion des droits LGBTQI+ et défendra notamment la dépénalisation universelle de l'homosexualité et de la transidentité". Avant de marteler : "J'en prends l'engagement, le combat du gouvernement pour les droits LGBTQI+ va se poursuivre et s'accélérer".

Polémique Cayeux et monkeypox

Ces annonces interviennent alors que le gouvernement est sous le feu des critiques depuis plusieurs semaines. D'abord, la gestion de l'épidémie de variole dite "du singe" est étrillée par les associations de santé communautaire, et notamment l'ouverture tardive de la vaccination pour les hommes gays multipartenaires – population la exposée. Après de nombreux atermoiements, plus de 30.000 doses du vaccin – dont les stocks sont détenus par l'armée – ont été distribuées, mais les rendez-vous sont difficiles à obtenir.

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Autre dossier chaud, la ministre des Collectivités territoriales Caroline Cayeux a provoqué un tollé en tentant de justifier ses positions passées sur le mariage pour tous. À l'époque sénatrice, elle avait déclaré que l'ouverture du mariage aux couples de même sexe était "contre-nature". Des propos qu'elle a "maintenus" le 12 juillet sur Public Sénat, affirmant en outre avoir beaucoup d'amis parmi "ces gens-là""Ces propos maladroits peuvent faire écho à des visions homophobes, a reconnu la cheffe du gouvernement au cours de notre échange. Caroline Cayeux n’avait pas l’intention d’injurier les personnes LGBT+. Son expression a été malheureuse et elle le regrette sincèrement."

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"La Nation n’oublie pas", dit Emmanuel Macron

En ce 4 août, Emmanuel Macron a également pris la parole, via les réseaux sociaux, pour les 40 ans de la dépénalisation de l'homosexualité. "Aujourd’hui, nous nous souvenons de cette injustice, des souffrances qu’elle a infligées. Je pense à tous ceux qui étaient entravés dans leur liberté, leurs amours, qui furent arrêtés, jugés, sanctionnés. La Nation n’oublie pas", déclare le président de la République, promettant : "Bien sûr, il reste, encore de nos jours, des souffrances et des discriminations intolérables dans notre République. C’est pourquoi nous continuerons à œuvrer avec les associations et avec les élus pour améliorer encore et toujours les droits de chacune et de chacun."

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