pétitionPétition : la France doit reconnaître les victimes de sa répression anti-gay

Par têtu· le 15/06/2022
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Quarante ans après la dépénalisation de l'homosexualité, une prise de parole, au plus haut niveau de l'État, est nécessaire pour reconnaître le passé homophobe de la France : depuis le régime de Vichy jusqu'en 1982, la justice française a condamné, au nom de l’article 331 du Code pénal, des milliers d'homosexuels, entraînant leur persécution policière.

Appel et dossier à retrouver dans le magazine têtu· de l'été.

"Il est temps de prendre conscience de tout ce que la France doit aux homosexuels", lança devant l’Assemblée nationale Robert Badinter, ministre de la Justice, en vue d’obtenir l’abolition, avec la députée Gisèle Halimi, de la dernière loi fondant la persécution des homosexuels en France, le 4 août 1982. Alors que nous commémorons cette année les 40 ans de cette dépénalisation de l’homosexualité, il est temps pour la France de solder, toujours selon la formule de Badinter, cette "époque odieuse de notre histoire".

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Plusieurs milliers d’hommes, dans l’immense majorité des cas, ont été poursuivis et condamnés "au nom du peuple français" pour avoir simplement eu des relations sexuelles consenties avec d’autres hommes. Le président de la République de l’époque, François Mitterrand, avait fait adopter une loi d’amnistie effaçant les peines prononcées pour délit d’homosexualité. Mais l’histoire n’est pas une ardoise, et l’effacement de leur casier judiciaire n’a pas réparé les vies brisées des victimes.

Une parole nécessaire

Aux milliers de condamnés il faut ajouter ceux, innombrables, qui ont connu les effets de la répression, les raids dans les lieux de rencontres, le "panier à salade" de la police où les homosexuels étaient embarqués comme des criminels. Finalement, par cette épée de Damoclès placée au-dessus de leur tête, c’est toute une génération de personnes LGBTQI+ qui a vécu dans la peur, sous la menace de la loi homophobe. Beaucoup, comme Michel Chomarat, sont encore vivants.

Cette tache dans notre histoire doit désormais être reconnue par une prise de parole au plus haut niveau de l’État. La Norvège l’a fait cette année, dans un discours du Premier ministre à l’occasion du 50e anniversaire de la dépénalisation de l’homosexualité : "Je tiens au nom du gouvernement norvégien à demander pardon, parce que des personnes homosexuelles ont été traitées comme des criminels et poursuivies par les autorités norvégiennes." L’Allemagne (imitée par l'Autriche), indemnise financièrement les victimes de son paragraphe 175 qui criminalisait l’homosexualité : 3.000 euros par condamnation, 1.500 euros pour chaque année passée en prison, 500 euros pour chaque enquête ouverte, etc. À son tour, la France doit reconnaître, réhabiliter, voire indemniser les victimes de sa répression anti-gay.

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► Liste des premières signatures :

Association des avocats LGBT+
Amnesty International France
Christine Bard, historienne, spécialiste de l’histoire des femmes
Julien Bayou, secrétaire national d'EELV
Laurent Berger, premier secrétaire de la CFDT
Dominique Boren, président de l’association de parents gays et lesbiens
Corinne Bouchoux, ancienne sénatrice ouvertement lesbienne
Sam Bourcier, sociologue, membre du collectif archives LGBTQI+
Ian Brossat, porte-parole du Parti communiste français
Johan Cavirot, président de FLAG!
Confédération générale du travail (CGT)
Benoît Chabert, avocat au barreau de Paris, ancien membre du Conseil de l’Ordre
Christian Charrière-Bournazel, avocat, ancien bâtonnier de Paris, ancien président du Conseil national des barreaux
Antoine Chassignoux, président d’Act Up-Paris
Michel Chomarat, ancien condamné pour homosexualité
Sophie Delannoy, directrice de la fondation Le Refuge
Joël Deumier, militant LGBTI, ancien président de SOS homophobie
Fatima Daas, autrice de La Petite dernière
Rokhaya Diallo, autrice, militante féministe et antiraciste 
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste
Matthieu Gatipon, président de Couleurs gaies, porte-parole de l'Inter-LGBT
Olivier Guilbaud, avocat au barreau de Paris, ancien membre du conseil de l'Ordre et du Conseil national des barreaux
Pierre Karleskind, député européen Renaissance
Sébastien Landrieux, historien spécialiste des homosexualités dans le Nord
Jack Lang, ancien ministre, président de l'IMA
Noël Mamère, maire de Bègles, ancien candidat à l'élection présidentielle
Christophe Martet, rédacteur en chef de Komitid et militant contre le sida
Alexandre Mattiussi, créateur de mode, fondateur de AMI
Caroline Mecary, avocate au barreau de Paris, candidate France insoumise aux législatives à Paris
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise
Maxime Minot, député Les Républicains
Philippe Poutou, ancien candidat NPA à l’élection présidentielle
Denis Quinqueton, co-directeur de l'observatoire LGBTI+ de la Fondation Jean Jaurès
Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la mairie de Paris et militant contre le sida
Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français
Olivier Saumon, avocat au barreau de Paris, ancien membre du Conseil de l’Ordre
Régis Schlagdenhauffen, socio-historien, titulaire de la chaire de Socio-histoire des catégories sexuelles à l’EHESS
Camille Spire, présidente de Aides
Louis-Georges Tin, initiateur de la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie
Anne Tonglet, victime en 1974 lors du procès d'Aix-en-Provence
Jean-Louis Touraine, député La République en Marche
Sébastien Tüller, responsable LGBTI+ chez Amnesty International France
Alexandre Urwicz, président de l’Association des familles homoparentales (ADFH)
Mélanie Vogel, sénatrice EELV des Français de l'étranger

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