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préventionChemsex : guide des produits et conseils de consommation à usage préventif

Par Nicolas Scheffer le 12/10/2022
Le chemsex, sexe sous drogue

Dans notre dossier chemsex (sexe + drogues), nous avons inclus ce mode d'emploi à faire tourner dans tous les bonnes partouzes. Car en matière d'usage de drogue, connaître ses produits est le b.a.-ba de la prévention. À chaque molécule ses effets propres, mais aussi ses risques et ses contre-indications.

  • ▶ Les cathinones
  • Noms : 3-MMC, 4-MEC, 3-MEC, 4-MMC, méphédrone, legal highs…

Effets : Psychostimulants, ces euphorisants provoquent l’empathie, l’envie de communiquer avec les autres, un sentiment de puissance, et augmentent fortement la libido et la désinhibition. Ils peuvent s’avaler, se sniffer, s’injecter, voire s’insérer dans l’anus. La montée dépend du mode de prise. Les effets durent entre une et six heures. La descente peut être déprimogène. Ce sont les substances les plus consommées par les chemsexeurs (bien qu’elles soient susceptibles d’enlever toute possibilité d’érection).

Risques : Les dosages varient énormément en fonction de la substance. Commencez par tester une (très) petite dose. La forte dépendance psychologique entraîne le craving, lequel augmente les risques d’overdose.

Contre-indications : Le mélange avec du tramadol, de la cocaïne ou de la MDMA est déconseillé. Par ailleurs, en consommer avec des opiacés, des benzodiazépines ou des anxiolytiques peut entraîner des sensations de manque très fortes. Il vaut mieux éviter d’en prendre en cas de troubles cardiaques.

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  • ▶ MDMA
  • Noms : ecstasy, ecsta, MD, D, molly, taz, cacheton, pilule de l’amour… 

Effets : Avec la MDMA, vous aimez tout le monde : quelques dizaines de minutes après la prise (en cachet, en parachute ou en trace), vous allez ressentir une sensation de flottement, d’euphorie et de très forte empathie. Pendant une poignée d’heures, la communication sera super facile, et le toucher exacerbé. Si le sexe peut être génial, il peut aussi être difficile de maintenir une érection.

Risques : Une crise d’angoisse peut survenir pendant la montée, ainsi que des épisodes dépressifs lors de la descente. La consommation régulière de MDMA (plusieurs fois par mois) engendre dépression, anxiété et perte de mémoire.

Contre-indications : Ne consommez pas de MDMA en cas de problèmes cardiaques ou d’hépatites chroniques. Les mélanges avec les stimulants (cocaïne, méthamphétamine), le poppers ou les antidépresseurs sont à éviter.

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  • ▶ Kétamine
  • Noms : kéta, K, spécial K 

Effets : Anesthésiant puissant, la kétamine produit une forme d’apaisement euphorisant qui peut conduire, à forte dose, à un état dissocié. Attendez-vous à des pertes d’équilibre, à des perceptions distordues, voire à des hallucinations. Les effets de la kétamine, qu’elle soit sniffée, avalée ou, plus rarement, injectée, durent de quelques minutes à quatre heures. Attention, la montée est très rapide en intraveineuse. Ne commencez qu’avec de très petites traces.

Risques : Du fait de l’effet anesthésiant, vous ne ressentirez pas la douleur, et c’est encore pire si elle est mélangée avec de la coke ou des méthamphétamines. Si vous en consommez pour dilater et faciliter la pratique du fist, vous risquez de ne rien sentir en cas de blessure. De plus, la tolérance va vous pousser à augmenter les doses à chaque prise, ce qui peut conduire à une surdose. Quant à la dépendance, elle peut arriver assez rapidement et entraîner des troubles psychologiques. La kétamine peut également provoquer des crises de panique et des bad trips.

Contre-indications : L'association avec de l’alcool, des antidépresseurs, des opiacés, de la MDMA et des tranquillisants est dangereuse.

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  • ▶ Méthamphétamine
  • Noms : tina, crystal meth, chalk, ice, speed

Effets : Avalées, fumées, sniffées ou injectées, les différentes formes de méthamphétamine ont des effets stimulants intenses pendant plusieurs heures, voire plus d’un jour, et procurent un sentiment de confiance en soi, d’euphorie et de puissance. On ne ressent alors ni la faim ni le sommeil pendant parfois plusieurs jours. La descente est très longue et très dure psychologiquement : impossibilité de dormir, agressivité, paranoïa, pensées suicidaires. Sa consommation peut également empêcher l’érection ou l’éjaculation.

Risques : La perception de la douleur est altérée, ce qui, associé au sentiment d’invincibilité, peut entraîner des blessures sexuelles. L’accoutumance et la dépendance sont fortes : on a tendance à augmenter les doses, ce qui engendre du craving.

Contre-indications : Une association avec les antidépresseurs est particulièrement dangereuse. Il est recommandé de s’abstenir de consommer des méthamphétamines lors d’épisodes dépressifs. Les mélanges avec l’alcool, la coke, la MDMA, le Viagra, les opiacés, les benzodiazépines et les anxiolytiques sont vivement déconseillés. L’association avec le LSD ou l’ecstasy augmente, quant à elle, le risque de bad trip.

  • ▶ GHB/GBL
  • Noms : G, ecstasy liquide, “drogue du viol” 

Effets : Euphorisants et désinhibants, le GHB et le GBL sont des molécules proches. Le premier est un anesthésiant, le second un décapant industriel. La montée survient au bout d’une dizaine de minutes et les effets durent de deux à quatre heures. .

Risques : Les doses doivent être très précises. Utilisez une pipette ou une seringue pour les mesurer sous forme liquide, et une balance lorsqu’il s’agit de poudre. Respectez une pause d’au moins deux heures entre deux prises. Si les G-hole sont caractérisés par un endormissement, des vomissements et des convulsions, ils comportent également des risques plus importants et peuvent entraîner dépression respiratoire, coma, voire décès. Du fait de pertes de discernement et de mémoire, le consentement au sexe peut être altéré. Une consommation hebdomadaire peut provoquer des angoisses, des troubles du sommeil ou des tremblements. En cas de dépendance, le sevrage s’avère particulièrement difficile et douloureux.

Contre-indications : Les mélanges avec de l’alcool, des benzodiazépines (Xanax, Clonazépam), de la kétamine ou des opiacés sont très dangereux, voire mortels. Une seule bière augmente fortement les risques de G-hole.

  • ▶ Stimulants sexuels
  • Noms : Viagra, Cialis, Edex 

Effets : Permet d’obtenir et de maintenir une érection. Le Viagra et le Cialis sont des pilules à avaler, tandis que l’Edex s’injecte dans le pénis. Ces produits sont utilisés pour contrecarrer les effets débandants de certains produits psychoactifs.

Risques : En cas de crise de priapisme (érection incontrôlée) de plus de deux heures, n’attendez pas pour appeler le 112, car vous risquez des séquelles irréversibles. L’injection de produits dans le pénis favorise ce risque.

Contre-indications : Évitez les cockrings, qui peuvent se retrouver bloqués. Si vous y tenez, optez pour ceux en silicone, que l’on peut couper en cas de problème. Les mélanges avec le poppers, la MDMA, les cathinones et les stimulants (méthamphétamines, cocaïne) peuvent engendrer des problèmes cardiaques.

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>> Conseils pour une session chemsex :

• Buvez de l'eau (les drogues déshydratent).
• Pensez à manger et à dormir (si, si).
• Ne conduisez pas.
• Consommez dans un environnement agréable et avec des personnes de confiance.
• Les seringues sont à usage unique.
• Ne partagez ni votre paille ni votre seringue.
• Certains produits peuvent avoir des interactions avec les traitements contre le VIH ou avec la PrEP : discutez-en avec votre médecin.
• De toute façon, parlez de votre conso à votre médecin (s’il vous juge, trouvez-en un autre).
• En cas de malaise, placez la personne en position latérale de sécurité, appelez le 112 et restez à ses côtés.

>> Lexique du chemsex :

Craving : envie irrépressible de continuer à consommer malgré la persistance des effets de la précédente dose. 
Slam : consommation par injection intraveineuse (seringue).
Sniffer, trace, rail : consommation de poudre par le nez au moyen d’une paille. La trace ou le rail désigne la poudre disposée en ligne.
Parachute, para : consommation par voie orale en enfermant la substance dans un papier à cigarettes. 
Nouveaux produits de synthèse (NPS), research chemicals, designer drugs : termes désignant les molécules apparues dans les vingt dernières années, comme les cathinones. Pour contourner la loi, de nouvelles substances, aux effets similaires que celles interdites, sont sans cesse mises au point.
G-hole, K-hole : overdose de GHB, de GBL ou de kétamine qui conduit à une perte de connaissance, voire à un coma.
Tolérance, accoutumance : le corps s’habitue plus rapidement à certaines drogues. On a donc tendance à augmenter les doses pour obtenir des effets similaires. Ce n’est pas la même chose que la dépendance.

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Crédit illustration : Shutterstock

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