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magazineGaming : contre les LGBTphobies, "League of Legends" lance ses champions queers

Par Florian Ques le 13/12/2022
league of legend

Dans le dossier sur le gaming du têtu· de l'hiver actuellement en kiosques, focus sur League of Legends. Si l'immense succès du jeu en ligne ne doit pas cacher les LGBTphobies qui en émaillent les parties, son éditeur, Riot Games, mise pour les contrer sur l'inclusivité et la visibilité.

Les anciens avaient Tetris. Aujourd’hui, tout le monde joue à League of Legends (LoL). En effet, ce jeu d’arène, où s’affrontent deux équipes dont le but est de détruire la base de l’autre à grand renfort de magie et d’objets fantastiques, est devenu, depuis son lancement en 2009, l’un des jeux multijoueurs en ligne les plus populaires, aux côtés de Fortnite ou d’Overwatch.

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Disponible sur Windows et Mac OS, LoL s’est rapidement fait une place dans l’e-sport, au point que son championnat du monde, surnommé Worlds, est aujourd’hui l’un des événements les plus suivis de la discipline. La finale de la dernière édition, qui s’est déroulée du 29 septembre au 5 novembre, a d’ailleurs rassemblé 18.000 spectateurs dans un immense amphithéâtre de San Francisco aux États-Unis. Celle de 2021, qui s’était tenue sans public en raison de la crise sanitaire, avait quant à elle réuni près de 73,8 millions de spectateurs en ligne.

Près de 140 personnages

Cet immense succès, League of Legends le doit en partie à son offre pléthorique de personnages à incarner lors des combats – à l’heure actuelle, près de 140 “champions”, comme ils sont désignés dans le jeu, sont accessibles. Au-delà d’une parité scrupuleusement respectée, l’accent a été mis sur la création des personnages, qui permet une certaine diversité. “Certains champions existaient déjà quand j’ai commencé à jouer, mais leur orientation sexuelle a été précisée par la suite, souligne Baptiste, 23 ans, gay et fidèle au jeu depuis sept ans. J’ai remarqué l’effort de l’éditeur, Riot Games, pour inclure des personnages queers.” 

Dans l’arène de jeu, si seuls les compétences et les pouvoirs des champions comptent pour remporter la bataille, Riot Games a néanmoins développé la biographie et la personnalité de chacun d’entre eux. On peut ainsi trouver dans le menu “Collection” des informations sur leur orientation sexuelle, leurs parents, mais aussi des anecdotes concernant leur vie, etc. “C’est un grand classique du jeu vidéo, appuie Fanny Lignon, maîtresse de conférences en cinéma et audiovisuel à l’université Lyon 1. Même s’il n’y a pas de récit, il faut tout de même qu’il y ait quelque chose à quoi s’accrocher. Un personnage possède trois dimensions : physique, sociale et psychologique. Le reste, c’est à nous de l’écrire en jouant.”

Des champions en couple

Aujourd’hui, LoL comprend une poignée de champions LGBTQI+. À l’instar de Graves, un daddy moustachu au corps musculeux, ou encore de Twisted Fate, un maître des cartes dont le look se situe entre le cow-boy et le dandy. L’un est homo, l’autre bisexuel, et leur couple a été officialisé cette année lors du Mois des Fiertés. Quant aux lesbiennes, elles étaient déjà représentées par Diana et Leona, qui puisent respectivement leurs capacités de la Lune et du Soleil, confirmées amantes en 2021 grâce aux bribes de journaux intimes révélées pour approfondir leur histoire. “On essaie de concevoir des personnages afin qu’ils reflètent le monde dans lequel nous vivons, détaille Patty Dingle, directrice mondiale de la diversité chez Riot Games. Mais il ne s’agit pas de cocher des cases. Ça doit se faire de manière naturelle, il faut que ça ait du sens.” 

Pour l’élaboration d’un nouveau champion, qui prend en moyenne huit mois, l’éditeur veille à solliciter des concepteurs concernés, notamment lorsqu’il s’agit d’esquisser des personnages queers. “Ma mission est notamment de diversifier nos talents, poursuit la directrice. Notamment en matière de diversités ethnique, sexuelle, de genre…” Une démarche positive qui se répercute dans le fonctionnement interne de l’entreprise où des groupes communautaires, les Riot Inclusion Groups, là encore créés par des employés concernés, ont été mis en place. Et c’est ce qui a permis la création des Rainbow Rioters, le groupe dédié aux individus LGBTQI+.

Une communauté LGBTphobe ?

Cependant, comme dans de nombreux jeux en ligne, la communauté de LoL peut se révéler toxique. “Elle reste assez homophobe, raciste, misogyne, et j’en passe”, alerte Daynice, 26 ans, non-binaire et adepte du jeu depuis environ six ans. Et il est malheureusement difficile d’y échapper lorsque l’on souhaite jouer avec des inconnus, puisqu’il s’agit alors d’un jeu d’équipe qui nécessite de communiquer via un micro ou un tchat situé à gauche de l’écran. Et c’est là que commencent les ennuis, car, entre deux indications concernant la position de l’ennemi, il arrive que des insultes – homophobes, transphobes, racistes ou sexistes – pleuvent, parfois même avant le début de la partie.

"Je joue rarement en ligne avec des inconnus, comme ça j'évite une partie de la toxicité à laquelle d'autres sont confrontés."

Claire, 28 ans, gameuse.

C’est pourquoi de nombreuses femmes et personnes trans évitent à tout prix d’utiliser un micro, pour ne pas risquer d’être discriminées. En ce qui concerne le tchat, Riot Games propose un module capable de censurer les insultes, ou conseille de le désactiver entièrement. “Je joue rarement en ligne avec des inconnus, comme ça j’évite une partie de la toxicité à laquelle d’autres sont confrontés, avance Claire, 28 ans, lesbienne et présente sur LoL depuis quatre ans. On sent malgré tout que Riot Games aimerait avoir une communauté respectueuse. Il n’y a qu’à regarder les efforts qu’ils font pour représenter les LGBTQI+.”

L’éditeur a d’ailleurs choisi Lil Nas X comme visage du championnat du monde 2022. Le jeune rappeur américain, noir et gay, qui a composé l’hymne de l’événement, “Star Walkin’”, a également inspiré le nouveau champion queer du jeu, K’Santé, un chasseur de monstres inspiré de différentes cultures ouest-­africaines. Malheureusement, on a vite appris que l’orientation sexuelle du nouveau personnage serait censurée dans les pays à législation homophobe. Ce qui n’est pas sans précédent dans LoL : en Chine, Diana et Leona sont de simples amies… Reste à espérer que face à l’homophobie, l’inclusivité gagne dans l’arène. ·

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Crédits : Riot Games