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MagazineMylène Farmer reine de 2023, le sacre mérité de notre désenchanteuse favorite

Par Adrien Naselli le 29/12/2022
Mylène Farmer, fan-art

Alors que Mylène Farmer a dévoilé un nouvel album, L'Emprise, avant sa tournée de concerts Nevermore 2023, la star française semble enfin être sortie du placard des plaisirs coupables pour prendre la place qu'elle mérite au panthéon des artistes inspirantes. Dans le magazine têtu· actuellement en kiosques, notre expert "farmerien" revient sur cette histoire dans un texte personnel illustré par vos fan-arts sélectionnés par la rédaction.

Illustration Romy Cardon

Quand tes parents sont fans d’une chanteuse, il y a de fortes chances pour que tu finisses par la trouver ringarde. Il faut bien s’opposer un peu pour se construire. Depuis mon mémoire de littérature à l’université sur les textes de Mylène Farmer*, j’ai remarqué que les gays insensibles, voire carrément hostiles à la star partageaient souvent la même expérience d’un parent 1 ou d’un parent 2 ayant un peu trop écouté le best of Les Mots (2001, 1,6 million de disques vendus) en hurlant “je, je, suis libertine” dans la voiture. Ou usé, en faisant le ménage, le DVD du live à Bercy de sa tournée 1996, où l’icône, vêtue d’un kimono et d’un pantalon, comme un garçon, est entourée de drag-queens multicolores (Mylène n’a pas attendu Drag Race). Des parents que les provocations de Farmer et de son compositeur-vidéaste, Laurent Boutonnat, à l’encontre de l’Église catholique n’avaient pas choqués, au contraire : en bons héritiers de la libération sexuelle, ils étaient attirés par l’odeur de soufre et de cul qui jaillissait de l’œuvre de la rousse.

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J’ai un exemple très concret à la maison : Johnny (non, pas le chanteur décédé, je parle de mon mec). Il n’aime pas particulièrement ma star préférée, ni sa manie de traîner dans les cimetières, ni cette façon de chanter haut perché sans rien articuler. Avec lui, ma théorie des parents fonctionne à plein puisque son père arbore carrément un autocollant à l’effigie de Farmer sur sa camionnette rouge. Ce quinquagénaire anglais ne parle peut-être qu’un français très relatif, mais il est amoureux de Mylène. En 2019, mon beau-père a même fait le voyage depuis Glastonbury, dans le Somerset, pour nous accompagner à l’une des neuf dates de la star à La Défense Arena. Il ne s’attendait pas à voir autant de gays au mètre carré, et s’il s’est peut-être posé ce soir-là des questions sur son orientation sexuelle, ça ne l’a pas empêché de sauter dans la fosse comme un gosse en essuyant des larmes. Johnny, lui, s’est contenté d’applaudir poliment....