Séverine, la maman du jeune Lucas, 13 ans, qui s'est suicidé début janvier dans les Vosges après avoir subi selon sa famille un harcèlement scolaire sur la base de l'homophobie, a donné ce lundi une conférence de presse.
"Ça reste des enfants." Trois semaines après le suicide dans les Vosges de Lucas, 13 ans, victime selon sa famille d'un harcèlement scolaire homophobe, sa mère Séverine a pour la première fois pris publiquement la parole ce lundi 30 janvier, lors d'une conférence de presse organisée avec son avocate. Entretemps, le procureur d'Épinal avait annoncé vendredi la mise en cause de quatre collégiens qui seront jugés dans cette affaire pour "harcèlement scolaire ayant entraîné le suicide".
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"Tout n'a pas été fait. Personne n'a pu sauver Lucas", a d'abord constaté la mère de famille, avant de préciser : "Selon moi, il n'y a pas que les quatre jeunes…" Si son avocate avait indiqué d'emblée que les détails du dossier ne seraient pas évoqués afin de laisser la justice mener son enquête, Séverine pointe notamment les lacunes dans la réponse apportée selon elle par l'équipe pédagogique aux signalements de la famille : "J'étais seule avec la parole de mon fils. Le corps enseignant aurait pu faire plus. Il aurait dû, selon moi, au moins mettre en place des mesures disciplinaires suite aux deux signalements que j'ai faits." Et d'élargir son propos à l'action du système éducatif contre le harcèlement scolaire : "Le plan de l'Éducation nationale n'est pas au point, la preuve. Mon fils n'est pas le seul, nous avons reçu beaucoup de messages. Il faut plus de gens formés dans les écoles."
"N'ayez pas peur de parler"
Revenant plus longuement sur les quatre jeunes adolescents mis en cause, la mère de famille a insisté sur la nécessité de ne pas "nourrir la haine". Reconnaissant "en vouloir" aux harceleurs de son fils – "Si mon fils n'est plus là, c'est parce qu'ils ont été méchants avec lui, pour moi c'est bien le harcèlement qui a été l'élément déclencheur" –, la mère de famille insiste sur la nécessité de ne pas reproduire à leur égard ce que son enfant a subi : "Ça ne sert à rien, je ne veux pas qu'ils soient victimes à leur tour. On ne veut pas qu'ils soient pris à partie. (…) Laissons la justice faire son travail."
"C'est aux parents d'apprendre l'acceptation de tous."
Interrogée sur ce qu'elle attend justement de la justice, qui met ici en œuvre une nouvelle loi de 2022 faisant du harcèlement scolaire un délit, Séverine a encore martelé : "Je n'imagine aucune peine, j'espère seulement que ça les fera réfléchir, qu'ils ne recommenceront pas et qu'ils évolueront." Sa "colère intérieure", elle dit la garder pour son combat à venir contre le harcèlement scolaire. "Ça reste des enfants", a-t-elle encore répété à plusieurs reprises, rappelant : "C'est aux parents d'apprendre l'acceptation de tous." En attendant qu'au-delà de l'aspect judiciaire, les adultes prennent enfin à bras le corps ce fléau, elle s'est adressée aux victimes de harcèlement à l'école : "N'ayez pas peur de parler, des moyens existent. Peu importe la durée, dès qu'il y a du harcèlement, ce n'est pas possible."
Ce dimanche 5 février, une marche blanche aura lieu en mémoire de Lucas, à 14h à Épinal.
► Si vous êtes victime de harcèlement, ne restez pas seul·e
Des lignes d'écoute sont disponibles, comme Suicide écoute, disponible 24h/24 et 7j/7 au 01 45 39 40 00, ou SOS Amitié au 09 72 39 40 50, également 24h/24 et 7 j/7. SOS homophobie dispose aussi d'un chat d'écoute en ligne et d'une ligne d'écoute anonyme au 01 48 06 42 41. Deux numéros d'appels nationaux sont également disponibles si vous êtes victime ou témoin de harcèlement : le 3020 (harcèlement à l'école) et le 3018 (cyberharcèlement). D'autres ressources sont recensées sur le site de l'Assurance maladie.
Crédit photo : capture d'écran France 3 région Grand-Est