La Cour d'appel de Paris a rejugé, à leur demande, deux hommes condamnés en première instance pour le harcèlement en ligne, notamment lesbophobe, de la jeune Mila en 2020.
C'est ce qu'on appelle une mauvaise pioche. Deux des prévenus condamnés en juillet 2021 par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir participé, l'année d'avant, au cyberharcèlement de la jeune Mila après une vidéo polémique sur l'islam, et qui avaient fait appel, ont écopé ce mardi 31 janvier d'une peine supérieure à celle qui avait été prononcée en première instance, passant de quatre et six mois d'emprisonnement avec sursis à deux ans et un an d'emprisonnement avec sursis.
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Lors du premier procès, treize personnes avaient été jugées pour les innombrables attaques qu'avait reçues Mila, alors âgée de 16 ans, mêlant messages lesbophobes, appels à la violence et menaces de mort. Le tout en réaction à une vidéo dans laquelle elle critiquait l'islam de manière véhémente, partagée sur son compte Instagram par la jeune femme, ouvertement lesbienne. Le raid numérique avait repris à l'automne 2020, à la suite d'une nouvelle vidéo.
"J'vfais te faire une Samuel Paty"
Le plus jeune des deux accusés qui avaient fait appel, aujourd'hui âgé de 20 ans, était poursuivi pour avoir écrit, au cours de la deuxième vague de cyberharcèlement : "Dit moi t'habite où j'vfais te faire une Samuel Paty" (sic), en référence au professeur décapité à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, le 16 octobre 2020 par un islamiste qui lui reprochait d'avoir montré en classe des caricatures du prophète Mahomet. Il a de nouveau été reconnu coupable de "harcèlement aggravé", à quoi la Cour d'appel de Paris a ajouté "menaces de mort", faisant passer sa peine de de six mois de prison avec sursis à deux ans d'emprisonnement assortis d'un sursis probatoire de deux ans, comportant notamment l'obligation d'indemniser les parties civiles et d'accomplir un stage de citoyenneté. Le second prévenu, âgé quant à lui de 31 ans, a vu sa peine passer de quatre mois de prison avec sursis à un an d'emprisonnement assorti d'un sursis probatoire de deux ans, comportant les mêmes obligations que son coprévenu.
"Ces deux prévenus n'avaient rien compris de la gravité de ce qui leur était reproché et n'avaient aucun regret."
Richard Malka, avocat de Mila
Au titre du préjudice moral, les deux hommes devront verser solidairement 10.000 euros à Mila, contrainte par les raids de menaces à quitter son établissement scolaire et à vivre sous protection policière. À la sortie de la Cour d'appel, son avocat, Me Richard Malka, a déclaré avoir ressenti "que ces deux prévenus n'avaient rien compris de la gravité de ce qui leur était reproché et n'avaient aucun regret." Et d'ajouter : "Manifestement la cour a eu le même ressenti (…) C'est un arrêt qui contribuera, je l'espère, à faire prendre conscience que menacer de mort est un délit grave."
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